Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Retraite anticipée: Un retour de plus en plus éloigné

par Abdelkrim Zerzouri

  Contrairement à ses prédécesseurs, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, s'il repousse l'idée d'un retour à la retraite proportionnelle sans condition d'âge, ne ferme pas complètement la porte à cette mesure revendiquée par tous les syndicats autonomes, ainsi que l'UGTA. En réponse à une question d'un député, lors d'une plénière à l'Assemblée populaire nationale (APN), le jeudi 2 décembre, le ministre a considéré qu'«au regard de la situation financière de la CNR et la non disponibilité de ressources financières supplémentaires, le retour au régime de retraite proportionnelle sans condition d'âge qui était une mesure exceptionnelle à la base, n'est pas de mise pour le moment». Une réponse qui contraste avec les déclarations de l'un de ses prédécesseurs, en l'occurrence l'ex-ministre Hachemi Djaaboub, qui a avait soutenu que le dossier du retour à la retraite anticipée était « clos », avant de revenir avec des mots plus apaisants, ou conciliants, et avancer que pareille éventualité est « exclu, pour l'heure ». Il est clair qu'on cherche seulement à éviter toute confrontation brutale avec les syndicats qui ne veulent pas abandonner cette revendication. Le SG de l'UGTA a exprimé à maintes reprises son attachement à la réouverture de ce dossier, surtout l'installation d'une nouvelle Assemblée populaire et d'un nouveau gouvernement. Mais, les premiers responsables de la tutelle continuent à justifier le non retour à la retraite proportionnelle sans condition par la situation financière défavorable de la CNR. M. Cherfa a fait état dans ce contexte «de baisse du nombre de cotisants», précisant que la CNR «enregistre 1,92 cotisant pour un seul retraité, alors que l'équilibre financier de la Caisse en requiert 5 cotisants pour un seul retraité». Tout en rappelant que la retraite proportionnelle sans condition d'âge a été instituée en 1997 en raison des conditions socioéconomiques prévalant dans le pays à cette époque, rassurant que l'Etat demeure attaché à ses principes et ses valeurs sociales. Mais, ces arguments n'ont jamais convaincu les syndicalistes, qui estiment qu'il appartient au gouvernement de trouver une solution au déséquilibre financier de la CNR et ne pas obliger le travailleur à rester en poste après avoir accompli ses 32 ans de service.

Sur un autre registre, le ministère du Travail et la CNR observent un black-out total au sujet de la revalorisation des pensions de retraite au titre de l'année 2020. Annoncées au mois de mai 2021, ces augmentations oscillant à des taux entre 2 et 7% n'ont pas encore été versées aux retraités, sans aucune explication de la part des autorités.