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CRÉDITS AUX JEUNES ET DÉPART MAL AMORCÉ

par Abdou BENABBOU

La rumeur serinée maintes fois a été confirmée cette semaine. Les jeunes et les moins jeunes embarqués dans les aides financières engagées par l'Etat pour monter des affaires et qui ne peuvent rembourser leurs prêts aux banques ne seront pas poursuivis par la justice. Il a fallu l'intervention du président de la République lui-même pour mettre un terme à une situation alambiquée dont l'essence était la volonté de venir en aide aux chômeurs. Mesures de rétorsion ou pas, il était évident que les poursuites judicaires engagées par les organismes financiers contre ceux qui ont failli dans leurs entreprises ne serviraient qu'à encombrer les tribunaux dans la mesure où les incriminés étaient dans l'incapacité de rembourser quoi que ce soit et n'avaient de surcroît engagé la moindre garantie.

Il était évident que l'origine de l'énorme entorse, à coups de milliers de milliards de dinars, était à rechercher ailleurs et que la culpabilité reposait d'abord sur la légèreté avec laquelle l'argent public a été généreusement distribué. Il est certain que dans cette grande opération nationale d'envergure, la charrue a été mise avant les bœufs. La majorité des quidams sans formation et sans savoir-faire et inquiétés par le harcèlement des huissiers avaient bénéficié d'un pactole financier conséquent et avaient été livrés à la férocité des activités marchandes. Avec une remarquable naïveté, ils pensaient s'y frayer un chemin en commerçant des produits cosmétiques ou en slalomant dans le terrain glissant de la location de voitures, ignorant que le commerce plus que tout autre domaine est un art compliqué pour lequel il est exigé d'être bien armé.

Le fait notable est que ce sont quelques acteurs déjà installés et rodés qui ont pu fructifier et renforcer leurs affaires grâce à cette politique d'aide pour confirmer qu'une formation sérieuse et adéquate reste le socle sain pour lutter contre le chômage des jeunes.

En décidant de stopper les poursuites judiciaires contre les bénéficiaires des crédits à tous égards irrécouvrables, le chef de l'Etat démontre à sa façon que dans ce domaine, c'est le départ qui a été mal amorcé.