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Une rue, une histoire

par Hamid Dahmani

Après l'indépendance, la rue Carnot située entre la rue d'Isly et le boulevard Abdelhamid Benbadis change de nom et devient rue de l'Emir Abdelkader, en hommage au précurseur de la résistance algérienne et en remplacement du militaire et homme politique français Lazare Carnot. C'est une grande artère qui donnait accès, sur le côté-ouest de la ville, à l'ex-hôpital et la vieille mairie d'El-Asnam, et à l'opposé, du côté- est, à la cité administrative et la gare ferroviaire.

C'est une rue très animée, débordante de vie ; chaque mètre de route raconte l'histoire des hommes qui ont foulé ses larges trottoirs ombragés jalonnés de ficus impeccablement alignés. Avant le tremblement de terre, la rue desservait le quartier et l'entrée des groupes scolaires des sœurs Bedj, de Benbadis et El-Khawarizmi ; elle était animée par le souffle des âmes qui résidaient dans les modestes maisons et les HLM et par les nombreux lieux de commerces qui faisaient la prospérité de la ville. La rue rappelle aussi l'histoire inoubliable des douloureux événements de la guerre d'Algérie. En 1961 eut lieu un accrochage inégal sur ces lieux, engagé par les soldats français lourdement armés pour déloger deux valeureux moudjahidine El-Hadj M'Hamed et Si Allal, deux héros qui tomberont au champ d'honneur, les armes à la main. L'échange de tirs a duré toute une journée. Une stèle est érigée aujourd'hui en leur mémoire, tout près des lieux où ils ont succombé honorablement.

Rue mémorable, plus que centenaire qui a vu, lors du dernier tremblement de terre, plusieurs de ses bâtisses s'effondrer, emportant avec elles des dizaines d'innocentes victimes.