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Fawzi Derrar, DG de l'IPA: «Des débats inutiles entourent la campagne de vaccination»

par El-Houari Dilmi

  Alors qu'une décrue notable des cas de contaminations et de décès est constatée depuis plusieurs jours, les spécialistes ne sont pas rassurés pour autant.

C'est le cas du Dr Fawzi Derrar, directeur général de l'Institut Pasteur, qui note « des failles dans la campagne de vaccination et les débats qui l'entourent ». Intervenant, hier dimanche, sur les ondes de la Radio nationale, le DG de l'IPA a estimé que « des débats inutiles entourent la campagne nationale de vaccination, comme par exemple est-ce que l'on doit vacciner les enfants ou pas, les femmes enceintes, etc., alors qu'il s'agit d'un débat purement scientifique », a-t-il affirmé.

Pour Fawzi Derrar, comme pour tous les scientifiques, « l'essentiel est de dire que les gens qui ne sont pas vaccinés, représentent un danger pour eux-mêmes et pour la société ». « A cet effet, il faudra axer la campagne de sensibilisation sur ces gens car même si l'immunité collective sera atteinte, elle n'est pas infranchissable», a-t-il relevé.

Selon M. Derrar, l'Algérie est en mesure de vacciner 20 millions de personnes en 3 mois, soit avant la fin de l'année pour atteindre les 70% des personnes vaccinées et, par conséquent, parvenir à une immunité collective. Le DG de l'IPA a encore rappelé « qu'en juillet dernier, il y a eu a une recrudescence de la pandémie en Algérie, d'où l'afflux massif enregistré au niveau des centres de vaccination, réitérant ainsi «la nécessité de sensibiliser les gens et ne pas attendre qu'une vague de contamination arrive pour aller se faire vacciner». « Il faut accélérer les campagnes de sensibilisation et se montrer agressif sur le plan de la communication »», a encore martelé l'invité de la Radio.

Au sujet de savoir si le vaccin sera rendu obligatoire, sujet qui fait débat chez les Algériens, Fawzi Derrar a affirmé « qu'il s'agit de l'une des mesures envisageables, mais qui nécessite la mobilisation de plusieurs instances ; tous les moyens sont bons, mais il faut savoir que l'obligation vaccinale est un processus commun, qui nécessite l'adhésion de plusieurs secteurs et une prise de décision multidirectionnelle », a-t-il argumenté. Face à la réticence que présente un nombre important de la population vis-à-vis de la vaccination, alors que le pays vit une tendance baissière des cas de contamination, le DG de l'Institut Pasteur a noté que « contrairement aux idées relayées, notamment sur les réseaux sociaux, il s'agit bien du meilleur moment pour se faire vacciner ».

Dans le même contexte, le microbiologiste a expliqué que «la baisse des contaminations s'explique par plusieurs facteurs, une chose est sûre, c'est que le virus est en perte de vitesse ». « La conjugaison de ce phénomène avec la perte de vitesse (dominance virale) laisse penser que la pandémie est en train de décliner progressivement », a-t-il encore souligné, sans pour autant exclure « la possibilité d'une quatrième vague », a-t-il dit. Enchaînant sur la grippe saisonnière, M. Derrar a indiqué que « les vaccins seront disponibles prochainement afin de pouvoir entamer la vaccination dans les délais », estimant que « l'idéal serait de repousser la campagne de vaccination vers la fin octobre de manière à avoir une efficacité maximale des vaccins pour une durée de 5 à 6 mois », ajoutant que « les quantités de vaccin antigrippal à importer sont de 1,8 à 2 millions de doses ».