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Bekkat Berkani: Une réforme du système de santé est nécessaire

par R. N.

Il est nécessaire de réformer le système de santé afin de corriger certains dysfonctionnements, a déclaré Mohamed Bekkat Berkani, président de l'ordre national des médecins, qui était hier l'invité de la Radio nationale chaîne 3.

« Il faut absolument revoir les structures, le fonctionnement, les buts, mais revoir aussi les budgets et la finalité de la santé (publique) et retracer nos programmes fondamentaux. Vous savez, à travers l'épidémie de Covid-19, ces maladies transmissibles, devenues une préoccupation mondiale, qu'il faut absolument prévoir », a-t-il expliqué. Pour le Dr Berkani, dans le secteur de la santé, « c'est dans la prévention qu'on arrive à établir des plans pour essayer de prévoir ce genre d'affections transmissibles, mais également non transmissibles comme les maladies chroniques qui sont de plus en plus fréquentes étant donné l'allongement de l'espérance de vie de la population ». C'est « en fonction de ces buts » que cela « va nous permettre de dépenser utilement et de façon efficace ». « Quand vous faites de la prévention, il y aura automatiquement moins de malades et vous faites une économie qui est importante », dit-il encore. « Quand vous faites des plans de prévention des maladies transmissibles, ça permet donc de réduire le nombre de malades. Si vous faites de la prévention du cancer, dont la thérapie coûte plus de 50% des budgets des hôpitaux, et que le malade va en chirurgie dans les cancers les plus fréquents, vous faites une économie financière qui est importante, et vous tirez d'affaire l'individu, bien entendu », explique Dr Berkani. A la question sur la nécessité de « devoir associer les caisses de sécurité sociale », l'intervenant estime que c'est un « grand problème ». « La sécurité sociale ne joue pas encore son rôle de soupape par rapport aux dépenses de santé des ménages, en particulier en ce qui concerne les médicaments. Il faut lui redonner son rôle, essayer de randomiser, d'organiser et d'évaluer quel est le coût de la sécurité sociale. Vous savez, la CNAS et la CASNOS n'ont pas assez de cotisants pour faire face à cette dépense.

Il faut donc essayer d'organiser cette dépense et faire valoir les assurances complémentaires, comme cela est pratiqué dans tous les pays du monde, pour essayer de donner un petit confort financier aux usagers », ajoute l'intervenant à ce sujet.

« La médecine gratuite a vécu »

A propos de souscription à une assurance complémentaire, le Dr Berkani estime que cela aidera non seulement à financer le remboursement des médicaments, mais également les séjours en hôpitaux. « Il faut bien aller vers la contractualisation des services publics et des cliniques privées, donc, essayer d'évaluer ce que coûte un malade et quelle est la part de la sécurité sociale et celle de l'Etat, et s'il le faut, le malade doit contribuer à payer », ajoute l'intervenant. Dr Bekkat Berkani appelle à « trouver un autre système » de financement de la santé. « La médecine gratuite a vécu. Il faut trouver un autre système. Il faut maintenir l'accès aux soins à tout Algérien, mais ça dépend comment vous êtes traités par les services qui sont compétents et qui vous rendent la santé. C'est-à-dire que vous êtes assuré social, vous avez une assurance complémentaire, là, vous ne payez pas. Vous n'êtes pas assuré social, c'est l'Etat qui a le devoir de prendre en charge », explique-t-il encore. Le but étant « de faire les comptes : combien coûte une intervention chirurgicale ? une hospitalisation » ? Pour lui, « il n'est pas normal que quelqu'un qui a les moyens d'aller vers une clinique privée, de pouvoir se faire opérer en priorité dans un hôpital public ». Dr Berkani appelle à « établir des règles » qui soient « conjointes entre le bailleur de fonds, qui est la sécurité sociale, l'Etat, mais aussi faire appel aux ménages... dans la mesure du possible, car les ménages supportent tout le poids de la médecine et en particulier de la chirurgie ».