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«Une reprise en mains des leviers économiques»

par Boudjemâa Haichour*

Le plan d'action du Gouvernement Aymen Benabderahmane a été adopté par 318 députés qui ont voté « oui », « 65 » sur 380 députés présents. Composé de cinq chapitres s'inspirant des 54 engagements du Président de la République Abdelmadjid Tebboune dont la rénovation de la Gouvernance, la consolidation de l'Etat de droit, l'indice de développement humain (IDH), une politique sociale renforcée, une politique étrangère dynamique à vision prospective et un renforcement de la sécurité et la défense nationales.

Une feuille de route sectorielles élaborées par chaque département ministériel avec la mise en œuvre d'un mécanisme de suivi et d'évaluation. Le Gouvernement devra dire le Premier ministre travaillera avec tous les partenaires pour concrétiser cet ambitieux programme avec abnégation et sincérité.

Ce sera un plan de développement inclusif et équilibré pour s'assurer d'une stabilité de notre pays au plan national et se hisser dans le concert des Nations développées.

LOIN DE TOUTE VISION PESSIMISTE

Loin de toute vision pessimiste comparable au Programme d'Ajustement Structurel des années 80, l'Algérie reste à l'abri d'un renvoi à la crise sociale, malgré les chocs économiques exacerbés par la pandémie qui a affecté l'économie mondiale.

En ce temps passé du P.A.S, notre pays était dans une banqueroute qui lui imposait le recours aux institutions financières internationales. Aujourd'hui en analysant le contexte, il est admis que les réserves de change (44 Milliards de dollars) lui permettent d'aller jusqu'à l'année 2022, avec comme scénario optimiste d'un prix de baril en situation haussière.

REDUIRE LES DEPENSES INUTILES DE L'ETAT

Une bonne gouvernance dans la réduction des dépenses de 50% de son budget de fonctionnement sans toucher aux dépenses sociales tout en rejetant les gabegies et les importations sans effets sur la production nationale, pourraient être une issue de sortie de crise. Les 2200 Milliards de DA injectés dans le refinancement des banques décidés par la Banque d'Algérie en tant que financement non conventionnel, seront un répit conjoncturel.

En attendant de voir le plan d'action du Gouvernement Aymen Benabderahmane se concrétiser après le débat qui aura lieu au Conseil de la Nation, discuté et adopté par les sénateurs. Les choix arrêtés vont-ils booster l'économie nationale pour pouvoir tirer profit d'une possible hausse des prix du baril mais aussi, comment pouvoir maîtriser l'inflation face à la dépréciation du dinar et la parité du pouvoir d'achat du citoyen ?

Le gouvernement devrait veiller à la stabilisation des fondamentaux de notre économie en atténuant les déséquilibres internes et externes des comptes de l'Etat. C'est vers une stratégie qui reposera sur la dépense publique en améliorant progressivement l'assiette fiscale, tout en préservant le soutien de l'Etat aux populations vulnérables à travers les transferts sociaux. La traçabilité des financements alloués aux entreprises et aux particuliers est une des responsabilités de l'Etat et donc des pouvoirs publics.

LA FINTECH FACTEUR DE SECURITE ET DES FIABILITE

Il s'agit dès à présent de remplir les meilleures conditions au développement des services financiers dématérialisés et des paiements numériques pour lutter contre le blanchiment d'argent pour créer un environnement adéquat et ne pas compromettre la sécurité et la fiabilité apportées par la Fintech.

1- La croissance économique de l'Algérie a été revue à la hausse et devrait se situer à 4,2% en 2021 selon le ministère des finances. Tandis que les perspectives économiques rapportées par la BAD qui note un rebond important de la croissance réelle estimée à 3,4% du PIB en 2021.

2- L'économie algérienne devait se remettre partiellement selon la BM. Alors que le FMI prévoit une croissance de 2,9% en 2021. Mais les perspectives restent fortement défavorables si les politiques publiques actuelles ne seront pas ajustées.

3- L'Algérie continue de financer son déficit budgétaire par des mesures non conventionnelles tout en essayant de drainer les fonds du secteur informel (40% du PIB).

4- La dette publique qui a augmenté en raison de de la crise de la pandémie Covid-19 à 63,3% serait à hauteur de 73,9% en 2022 selon le FMI.

5- Les réserves de changes avoisinent les 44 Milliards de dollars en 2021 selon la déclaration du Président Tebboune, en deçà des prévisions précédentes qui étaient de 51,6 Milliards de dollars.

6- L'inflation qui est de 4,9% en 2021 serait de 6% en 2022. L'endettement de l'Etat passerait de 63,3% du PIB en 2021 à 73,9% du PIB en 2022. Alors que le PIB était de 151,46 Milliards de dollars, serait de 150, 14 Milliards de dollars en 2022.

7- La balance des transactions courantes en Milliards de dollars est de -11,69 soit (-7,7% du PIB) pour se situer à hauteur de -13,08 soit (-8,7% du PIB).

8- Le taux de chômage est de 14,5% de la population active en 2021 et serait de 14,9% en 2022 selon la Banque mondiale. L'agriculture représente 12% du PIB et emploie 9,7% de la population active. La taille de l'industrie représente 37,4% du PIB employant 30,7% de la population active selon ONS. Le secteur tertiaire contribue à près de 46% du PIB en 2019 et emploie 59,6% de la population active.

9- Six banques publiques des vingt banques existantes dominent la place. Elles se taillent la part du lion. Celles-ci continuent de souffrir du manque de management par rapport aux banques privées. En effet leurs services financiers numériques n'arrivent pas à se hisser aux évolutions de grands vecteurs pour booster l'activité économique.

10- Il faut dire que le Covid-19 a eu des conséquences néfastes sur l'économie nationale comme à travers l'ensemble des pays.

Dans notre pays le PIB a régressé de 4,7% en 2020. La baisse des recettes d'exportation de pétrole et de gaz a creusé davantage les déficits publics et externes. Le déficit budgétaire a presque doublé passant de (5,6% du PIB en 2019 à 13,6% en 2020).

11- Le niveau des réserves en devises a graduellement baissé. La Banque d'Algérie a nettement baissé le ratio des réserves à 3% en Septembre 2020, alors qu'il était à 12% en Février 2019. La croissance hors hydrocarbures se situerait à +3,2% dans la loi des finances complémentaire 2021 contre +2,4% prévue dans la Loi des finances 2021.

Le dinar a-t-il été déprécié pour atteindre 142,20 DA pour un dollar US, contre 133,49 DA pour un dollar actuellement ? Cette dépréciation est-elle due aux conséquences de la pandémie du Covid-19 ?

12- La chute du baril de pétrole a aussi été de la partie. Le FMI prévoit un recul spectaculaire de son taux de croissance se situant à (-6,4%). Face à la gravité de cette situation, les autorités algériennes doivent-elles refuser d'aller au FMI et la Banque mondiale considérée comme une atteinte à la souveraineté nationale ?

13- Ces institutions exigent et donc imposent des réformes structurelles et donc une dévaluation du dinar.

14- Les hypothèses retenues pour 2021 et maintenues sont 40 dollars US le baril du pétrole pour le prix fiscal, 45 dollars US pour le prix du marché et 142,20 DA pour le taux de change moyen.

15- Le marché des changes s'est caractérisé par une dépréciation du dinar par rapport au dollar de 5,9% et par rapport à l'euro de 7,7% en 2020.

16- Le 31 Décembre 2020, le dinar s'est échangé à 132,13 DA pour un dollar US et à 162,4 DA pour un euro.

17- Il est à rappeler que les crédits alloués à l'économie uniquement par les banques publiques ont atteint un encours de plus de 9711 Milliards de DA en 2021 soit une augmentation de 67 Milliards de DA par rapport à fin Décembre 2020 dont 4087 Milliards de DA au secteur privé. Cela démontre l'effort considérable déployé par le secteur bancaire pour accompagner le secteur économique national dans la perspective d'une reprise parraine.

(Source : Voir FMI World Economic Outlook Avril 2021). En conclusion on peut dire que l'Algérie a été impactée comme tous les pays ou en développement par les deux années de la pandémie du Covid-19. On peut dire que toutes les économies du monde ont été affectées non seulement dans leurs équilibres macroéconomiques et micro-économique générant des manques à gagner et des situations sociales difficiles à redresser.

La nouvelle Gouvernance doit veiller à la numérisation qui conforte une traçabilité rigoureuse et une lutte sans merci contre toutes formes de corruption et de l'argent sale, tout en recherchant les voies et moyens afin de récupérer les deniers de l'Etat dilapidés dans toute la sérénité et le respect des lois de la République.

*Docteur d'état Es sciences économiques - Thèse « De la crise à la régulation du système monétaire et financier international - essai de modèle

de régulation- »