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LA VIE D'APRES

par Abdou Benabbou

Sans doute s'étonne-t-on outre mesure de la flambée des prix comme si l'économie, ici et ailleurs, était une rivière tranquille parsemée de gués sûrs pour rassurer le monde entier. On se contente de mettre sur le dos de la pandémie du corona le rôle de trouble-fête inattendu et probablement passager pour croire que des beaux jours sont à venir alors que tout indique que le temps présent et son futur ne présagent pas une sereine traversée des existences depuis quelque temps déjà contrariée.

En Algérie comme ailleurs, la rentrée sociale annonce des remous que l'on voit venir au pas de charge. Il est bien sûr question du coût de la vie et de ses corollaires, mettant presque insidieusement en sourdine les méfaits et les râles de l'incommodant virus pour garder la certitude d'une bienfaitrice vie d'après. On occulte alors que le doigt est dans l'œil sans trop s'attarder d'une réalité trop prégnante pour ne pas être vue sans faire attention à l'élargissement du besoin et de la mendicité qui s'étalent dans les foyers et dans les rues. Au mieux, faute de s'activer dans la grande bataille commerciale, la majorité des petits fortunés se réfugient en suivistes dans l'étalage des produits cosmétiques.

Pourtant, la conviction que l'on ne peut plus vivre comme avant est bien là. Par bien des aspects, l'exigence d'une revalorisation salariale par ceux qui ont le bonheur de disposer d'un emploi s'assimile à un tambourinement sur une coquille vide. Le défunt président Boumediene avait eu pour une fois raison quand il avait déclaré qu'il ne servait à rien d'augmenter les salaires car cela n'amplifierait que la perfidie de l'inflation. Dans sa lointaine prophétie, il n'était pas non plus dans le faux quand il avait souligné pour la population l'éventualité d'une obligation de s'alimenter de pierres et de cailloux.

Dieu nous en garde, on n'en est pas là, mais on imagine aisément la douleur et le mal des dirigeants actuels pour les difficultés qu'ils rencontrent pour savoir où donner de la tête.

Que le ministère soit obligé de rester figé sur le prix de la sardine est un aveu sur le réel niveau des préoccupations actuelles.