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Eliminatoires Mondial-2022: Une équipe nationale à deux visages

par M. Zeggai

La sélection algérienne de football a atteint son 29e match consécutif sans défaite et pourrait égaler le record de la France, qui avait enchaîné 30 matchs sans perdre, entre février 1994 et novembre 1996. L'occasion se présente bien à la veille de la double confrontation contre le Niger au mois d'octobre prochain. Zerrouki a confirmé sa marge de progression avec l'EN pour devenir un élément de base tactiquement dans l'échiquier de Djamel Belmadi et ce, en dépit de son jeune âge. Bennacer a prouvé qu'il reste un élément essentiel par son abattage et sa clairvoyance dans la phase de construction. Ce sont là les deux grandes satisfactions de ce match contre le Burkina Faso. A l'exception de ces deux éléments, les autres joueurs ont alterné le bon et le moins bon.

En effet, nous avons assisté à une première période acceptable au cours de laquelle les Verts se sont mis dans une situation favorable sur le plan psychologique avec le but de Feghouli (18'), mettant l'adversaire en doute. La balle du match et du KO a été gâchée par Slimani (31'). Mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la faillite a été collective, où les nôtres ont fourni une deuxième mi-temps assez décevante avec une piètre prestation, ce qui a permis aux Etalons de reprendre confiance et revenir au score (64') suite à une erreur de marquage. Comment expliquer cette baisse de régime des Fennecs ? Chacun lit, analyse et interprète le jeu et le football à sa façon, ce qui suscite des commentaires parfois controversés. Certes, cette contre-performance est restée en travers de la gorge des Algériens qui s'attendaient à mieux de la part des Verts qui traversent pourtant une période plein d'euphorie donnant ainsi des appréhensions à tous leurs adversaires, mais il fallait tout même relativiser dans un match à l'extérieur face au plus sérieux rival de l'Algérie à la qualification au prochain tour. Pour justifier ce match nul, qui reste tout de même un bon résultat, certains ont évoqué le manque de fraîcheur physique des nôtres.

C'est un fait à prendre en considération lorsqu'on sait que ce handicap ne permet pas aux joueurs de créer du mouvement avec un nombre suffisant de solutions au porteur du ballon. Aussi, le fait d'avoir des joueurs de haut niveau, d'avoir un bon collectif, du vécu et des automatismes n'est pas suffisant. Il faut en plus du rythme, de la vitesse dans les échanges et de l'efficacité. Alors, les joueurs ont-ils respecté le plan de fonctionnement dessiné par Djamel Belmadi ? Ce dernier a-t-il commis quelques erreurs de coaching et de choix de joueurs ? Deux questions qui s'imposent puisque l'EN a manqué inexplicablement de cohésion et d'ambition en seconde mi-temps, produisant un jeu «lisible», facile à gérer et à contrer. A notre avis, en situation de repli défensif, nos joueurs ont pris souvent le choix et la décision justes et, par conséquent, ce qui a engendré des fautes dans le placement et dans le replacement. Cette situation a obligé le sélectionneur national à pallier au plus pressé en procédant à quelques changements offensifs pour «tuer» le match et Benkebla pour absorber la pression des Burkinabés. Mais, en vain. Les remplaçants n'ont pas donné le plus escompté et changé le cours du match. Benrahma et Bounedjah sont passés à côté de la plaque, alors que Benkebla nous a paru complètement «perdu».

Quant à Khacef, remplaçant de Bensebaïni blessé, il peut bénéficier de circonstances atténuantes du moment qu'il s'agit pour lui d'une grande première avec les Fennecs. Par contre, la déception nous est surtout venue du capitaine Mahrez, qui n'a été que l'ombre de lui-même. En somme, les Verts ont raté le coche, alors qu'il y avait place pour une deuxième victoire consécutive qui leur aurait pu ouvrir grandement les portes de la qualification.

Les Verts nous doivent une revanche lors des prochaines rencontres de ce groupe A. La route vers le Qatar ne sera pas aussi facile que cela puisse paraître pour les nôtres, qui possèdent certes des arguments pour confirmer leur statut de champions d'Afrique, mais qui doivent absolument corriger certaines lacunes.