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Secours d'abord et prévention ensuite ou prévention d'abord et secours ensuite ?

par Abdou BENABBOU

On était loin d'imaginer qu'une ville aussi futuriste que New York soit surprise et humiliée par une hécatombe pluvieuse pour imposer le décompte morbide de près d'une centaine de morts parmi ses résidents. Malgré leurs démesures, les gratte-ciels bravant les astres en permanence doivent rougir de honte en constatant que les eaux diluviennes sont venues sans prévenir leur serrer les hanches pour qu'une réelle désillusion s'installe dans l'esprit de la première puissance mondiale.

Dérèglement climatique, ouragans et cyclones, colères de la nature ont élargi la voie à un débat depuis quelque temps amplifié pour que face à la nature le monde entier se surprend dénudé. L'eau, substance vitale et essentielle pour la vie, tue aussi pour démontrer qu'entre la vie et la mort, l'espace est très réduit.

Alors devant le cafouillage du connu et de l'inconnu on se démène à établir des plans de sauvetage sans réelle garantie pour préserver des existences vacantes sur une planète minée.

On ne peut certifier que les Algériens sont ignorants ou insensibles chez eux au présage d'autres éventuelles catastrophes naturelles soupçonnées. Le paradoxe de la complicité entre la sécheresse et les inondations a depuis longtemps été acté. Dans un passé récent, des tragédies ont été tâtées. Les menaces ne cessent de planer. Celles des séismes sont à portée des têtes déjà encombrées par des tracas démultipliés où l'urbanisme difficilement gérable occupe une bonne place. La décennie de malheurs qui a enfanté un exode humain déboussolé a fait installer des populations par milliers dans des antres susceptibles de se transformer en caveaux au moindre toussotement d'une nature traîtresse. A Oran, pour ne citer que cet exemple, des milliers de familles se sont fixées sur le flanc d'une montagne argileuse volontaire pour le moindre affaissement dramatique. La disponibilité trop bienveillante des autorités locales à recaser les habitants et les largesses octroyées au monde de l'immobilier continuent de recevoir une fin de non-recevoir d'une nature revêche heureuse de profiter des déboires et des inconséquences humaines.

Depuis toujours, les plans Orsec n'ont été que des palliatifs une fois que les drames se produisent car de tout temps, l'activation obligée des secours n'a pas cédé un pouce à la prévention. Il est certain que c'est aussi le cas à New York.