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Le temps du pouvoir et le pouvoir du temps en Algérie

par Mohamed El Bachir Louhibi

32ème partie



Ces revendications somme toute plus que légitimes auraient permis d'envisager une fusion des 2 communautés comme il y en a eu à travers l'histoire pour former un ensemble dynamique animé par les atouts indéniables des uns et des autres pour aboutir à la formation d'un peuple, d'une société multiculturelle, multiconfessionnelle.

Les conditions pour la création d'un fonds commun auraient été fondées sur la volonté de vivre en paix et en harmonie pour autant que la discrimination, l'injustice, les spoliations cessent.

Comme demandé maintes fois par les algériens, leurs intellectuels et leurs notables.

Ils étaient habités par un imaginaire irréaliste qui alimentait, inspirait toutes leurs graves erreurs.

L'incapacité de transcender certains réflexes ataviques dominateurs a fini par enfanter les germes de la décomposition.

Chaque grande mesure que l'ordre colonial décrétait pour se renforcer, était assimilable a un événement de son auto-destruction.

L'opposition la plus grave entre européens et algériens ne résultait pas d'un choc irréparable entre les 2 cultures. Elle était le fait d'oppresseurs et d'opprimés.

Les richesses de l'Algérie avant même la découverte des hydrocarbures, l'immensité de son territoire pouvaient largement satisfaire les besoins de ses habitants toutes origines confondues.

Au lieu d'envisager les choses sous cet aspect constitutif d'un minimum commun a développer par la reconnaissance de droits politiques identiques, par la généralisation de l'enseignement des 2 langues pour tous, par une politique de développement économique et social, le choix a été tout autre.

Les tenants de l'exploitation éhontée et de la ségrégation toutes formes confondues ont imposé des circuits parallèles et chaque communauté avait un rythme, ce qui, a la longue a fini par produire les éléments de la décomposition un à un pour aboutir à la guerre.

Le colonialisme produit direct de l'ordre capitaliste et impérial occidental était vu comme le fruit d'une civilisation unique et la meilleure.

Cette auto-persuasion négative relève de l'erreur historique fondamentale qui a fini par l'emporter. «Les maîtres du monde» n'ont pas voulu voir que les inégalités et les exclusions se payent toujours même au delà du rapport colonial à l'intérieur aussi de leurs propres sociétés.

Les retours de flammes existeront toujours. Le monde des pauvres, des marginalisés ne restera pas éternellement soumis.

L'intensité de la révolte est proportionnelle au degré de misère et d'exclusion.

Les mauvaises habitudes des catégories dominantes et favorisées finirent par transposer le combat non plus entre l'ordre colonial et les peuples colonisés mais bien avant entre dominants et dominés dans les sociétés occidentales.

Les guerres ne seront plus de même nature.

Elles prendront la forme de luttes décisives à l'intérieur même des sociétés occidentales ou la force du dieu capital veut toujours s'imposer seule et de tout son poids.

Le rythme accéléré de la mondialisation de l'économie, l'industrialisation ultra poussée de l'agriculture, la dictature des marchés et celle de la finance internationale révèlent une frénésie qui s'est emparée des hommes qui n'arrivent plus ni a contrôler ni a maîtriser le mouvement généré.

L'ordre mondial actuel veut incarner une forme de civilisation unique.

Cette fâcheuse tendance n'est pas nouvelle chez ses tenants. Il n y jamais eu d'un côté les bons, les purs, les méchants et impurs de l'autre. Il y a une certitude qui veut que la supériorité morale n'est jamais dans le camp de l'oppresseur, fut il le «maitre» par sa force économique et militaire,

Pour arriver à ses fins, il n'hésite jamais à travestir la réalité.

Inégalités et exclusions ont résulté de ses actions à travers les siècles.

Elles demeurent d'actualité. Elles ont encore de beaux jours devant elles.

Il a recouru fréquemment à la force ou lorsqu'il a été contraint, il a utilisé une persuasion calculée qui lui sert de brume pour cacher son jeu et mieux brouiller les pistes.

Elle est le fait des, exploiteurs, rentiers et spéculateurs qui s'engraissent sur le dos de ceux qui se lèvent tôt et qui rentrent tard après des journées de labeur épuisantes, ceux aux faibles ressources, juste assez pour ne pas dépérir et finir par crever.

Elle se fonde aussi sur la puissance industrielle en oubliant toutefois que celle ci ne peut avoir raison ni des hommes ni de leur détermination.

L'impérialisme qui a écrasé de toute sa puissance les pays colonisés a oublié que ceux ci ne sauraient rester éternellement captifs et que parmi eux, l'Algérie était un pays vif, impérieux, généreux malgré le fait d'avoir brisé assez vite nos rebellions successives ,ces guerres des pauvres, qui au fil du temps n'étaient qu'une guerre toujours recommencée, le fortifièrent dans son erreur sur l'appréciation de notre apparente docilité.

Pourtant les ressorts de la volonté et de la détermination des peuples à vivre libres réagiront tant que l'humanité existera et rien n'en viendra jamais a bout.

L'impérialisme a trop montré ses muscles en dédaignant le cerveau et l'esprit de ses victimes.

Ses penseurs sont assimilables a des incendiaires auxquels ont ferait appel pour éteindre l'incendie.

Aissa évoqua un jour tous ces graves problèmes. L'abbé Perrin était toujours mal à l'aise quand il fallait exprimer une opinion en termes clairs et précis.

Il aimait louvoyer et emballer son propos de nuances inutiles qui cachaient mal ses pensées réelles face a des injustices flagrantes qu'il tentait chaque fois d'occulter. La volonté d'opprimer les algériens se retrouvait à la verticale depuis les plus hauts sommets de l'État jusque chez les plus modestes qui croyaient se guérir de leurs frustrations, dés lors que si peu de choses s'opposaient a leurs desseins.

Aissa lui fit remarquer que d'autres oppresseurs à travers les siècles avaient tenté de dominer l'humanité dans leurs rêves insensés et les systèmes politiques, instruments de ces despotes devenus très vite tyranniques en étant des machines a broyer, générer les contraintes, abaisser d'avantage les plus faibles au point de les écraser alors que ceux la même assuraient la richesse des oppresseurs.

Quelle a été la réaction dans ces phases difficiles, des hommes de l'Eglise, des intellectuels.

Ils se situaient très loin de leurs malheureux contemporains, livrés à l'oppression, la souffrance et une forme de folie.

Tels sont les maux imputables aux initiateurs des empires coloniaux qui s'imaginaient à tort disposer éternellement et a leur guise de nombreux peuples.

A suivre