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Les fruits amers des accusations interposées

par Abdou BENABBOU

Le bellicisme par accusations montantes interposées entre Israël et l'Iran préfigure une répétition de l'Histoire dans ce qu'elle a de vil et de dramatique. Le navire pétrolier israélien amoché au large d'Oman est un prétexte propice pour précipiter les événements vers des situations déjà connues dans le passé. L'amorce d'une guerre a souvent été allumée par des chinoiseries plates ne voilant en aucune manière des stratégies militaires de grande échelle pour raser des ordres établis.

L'Iran est bel et bien dans la ligne de mire des grandes puissances qui voient en lui depuis quelque temps le seul obstacle dans la région moyen-orientale contrariant le contrôle des plus grandes richesses pétrolières mondiales par lesquelles elles vivent. La docilité des pays arabes voisins est garantie par les subterfuges que l'on connaît et il ne reste plus que le clou iranien à enfoncer. Le régime des ayatollahs est la seule force encore debout capable de dérouter et de contrarier une recette géostratégique élaborée depuis longtemps. L'Irak et la Syrie ont avalé leur superbe et ne sont plus que ruines et désolations. L'Egypte et la Jordanie s'appliquent avec ferveur dans l'agenouillement révérencieux contre bakchich en milliers de dollars et les monarchies du Golfe se plient aux directives des ailleurs pour préserver leurs trônes et assurer leurs très étroits intérêts.

Justifiés ou non les griefs occidentaux nés du supposé enrichissement de l'uranium iranien, et les lourdes sanctions économiques contre Téhéran n'ayant pour le moment rien donné, le subsidiaire guerrier des grandes puissances de l'Ouest devait ressortir des tiroirs des hauts états-majors déjà très chargés. Le Maghreb désuni quant à lui suit à l'aveuglette le cours des événements, les uns vendant leurs âmes au diable, les autres s'échinant à concevoir des carapaces pour se prémunir de la levée des ouragans.

Quoi qu'il soit dit, il est tout même curieux qu'Israël saisisse le Conseil de sécurité, lui qui a piétiné en permanence, depuis toujours, les résolutions de l'organisation mondiale qu'il considère comme une marionnette sur les murs desquels il se suffit de se soulager.

L'initiative israélienne a une senteur d'hypocrisie et rappelle en tous points de vue les protubérances d'un certain Colin Powell dans le passé. Les fruits amers des accusations interposées sont encore une fois étalés.