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Aléas du marché pétrolier

par Abdelkrim Zerzouri

La poire a-t-elle été coupée en deux au sein des pays membres de l'Opep+ pour satisfaire les exigences des Emirats Arabes Unis ? Après un blocage par ce dernier pays d'un accord qui devait se conclure au début du mois de juillet entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés hors de l'organisation, qui a conduit au report sine die de la réunion du 5 juillet dernier, tout le monde est revenu à la table des discussions (par visioconférence) ce dimanche 18 juillet pour aboutir à une entente autour du point de la discorde avec les Emirats Arabes Unis, en l'occurrence une augmentation des volumes de sa production.

Les pays membres de l'Opep+ ont finalement décidé de continuer à augmenter modestement leur production à partir d'août. Ce n'est pas une augmentation « significative » comme demandée par les Emirats Arabes Unis, mais c'est mieux que rien pour ce pays auquel s'est opposée l'Arabie Saoudite. Les deux pays en question sont arrivés à un compromis sur l'offre de pétrole sur le marché mondial et les Emirats Arabes Unis, dont le volume de production de référence est limité à 3,17 millions de barils par jour (Mbj), et qui demandaient une hausse jusqu'à 3,8 Mbj, ont obtenu le feu vert pour une production jusqu'à 3,5 Mbj à partir de mai 2022. Ainsi que le Koweït et l'Irak, qui ont eu le quitus pour une hausse de leur seuil de production de référence avec 150.000 barils par jour.

Globalement, l'accord de ce dimanche 18 juillet prévoit que les 23 membres du groupe Opep+ augmentent leur production de 400.000 barils par jour (bpj) à partir du mois prochain, afin de contribuer à alimenter la reprise économique mondiale alors que la pandémie s'atténue, a souligné l'Opep dans un communiqué à l'issue de la réunion en question. On a tranché pour repousser la date limite de plafonnement de la production d'avril 2022 à la fin de l'année 2022. Et procéder à une évaluation de l'évolution du marché au mois de décembre prochain, a noté la même source. Une évolution qui peut paraître avantageuse pour le marché pétrolier à l'ombre d'une reprise de l'économie mondiale qui favorise une augmentation de la demande sur l'or noir, mais la hausse de la production de référence par certains pays et d'autres aléas, à l'enseigne d'un probable retour de l'Iran sur la scène qui pourrait doper la production mondiale de pétrole ou encore des complications sanitaires avec un retour à la circulation active du Covid-19, sont autant de facteurs qui pourraient contribuer à une baisse des prix du baril (en recul, déjà depuis quelques jours, atteignant hier 73,14 US dollars le baril). Chose qui n'est pas dans l'intérêt des pays membres de l'Opep+.

Mais, crise économique oblige, tous les pays membres de l'Opep+, qui tirent leurs ressources financières essentiellement de la vente des hydrocarbures, verraient d'un bon œil un desserrement des vannes coincées par l'accord de plafonnement de la production de pétrole. Et, il est probable que d'autres pays, même s'ils n'ont pas réclamé ouvertement un ajustement de leur niveau de production de référence, attendaient avec impatience cette augmentation de la production de 400.000 barils par jour à partir du mois prochain.