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Crise de l'eau

par Abdelkrim Zerzouri

L'Algérie est-elle rattrapée par la crise de l'eau en ce début d'été 2021 ? Pour le moment c'est la Capitale qui se retrouve dans une zone d'ombre, très inquiétante du fait de sa position de centre névralgique du pays. Faisant face à des perturbations récurrentes de l'alimentation en eau potable depuis quelques mois, avec une accentuation de la crise au mois d'avril dernier, les algérois n'en reviennent pas qu'ils soient carrément privés du précieux liquide pour de longues durées.

Du coup, les frustrations réapparaissent, des scènes qu'on croyait à jamais révolues ressurgissent du passé, du temps où l'eau était une denrée rare, qui faisait souffrir les populations dans les quatre coins du pays et leur faisait investir les rues. Il y a la nature, bien sûr, qui participe à l'aggravation de la perturbation de la distribution de l'eau potable, notamment en période de stress hydrique, mais il y a également la mauvaise gestion et l'impardonnable dilapidation de sommes d'argent colossales qui devaient régler ce problème d'une manière radicale. Les robinets à sec figurent parmi les premières causes, avec le logement, à l'origine de la colère des populations, et l'Etat en a, dans ce sens, fait une priorité, investissant des budgets énormes et faisant appel à des sociétés étrangères pour prendre en charge tous les problèmes liés à l'alimentation en eau potable (renouvellement des réseaux, détection et réparation des fuites d'eau), ainsi que la réalisation de nombreux barrages d'eau, qui ont effectivement contribué à l'amélioration de la distribution d'eau potable dans les grandes villes. Dès le début des années 2010, en effet, on a commencé à ressentir ce léger mieux en matière de distribution d'eau potable. Mais, voilà que l'eau se raréfie d'une manière angoissante au début de cet été 2021. Mais, si on parle aujourd'hui de stress hydrique, qui serait à l'origine de la perturbation de l'alimentation en eau potable, on reconnaîtrait que l'amélioration de ces dernières années était factice, principalement due à une pluviométrie généreuse. Les responsables qui se sont succédés à la tête du département des ressources en eau ont-il tiré profit d'une pluviométrie favorable pour nous faire croire que les constructions d'infrastructures et d'équipements, dont pas moins de 69 barrages et une bonne quinzaine d'usines de dessalement, ont permis au pays de mettre derrière lui la crise de l'eau ? Le stress hydrique enregistré cette année a mis à nu l'incapacité des services du secteur de l'eau à assurer le minimum vital pour les foyers de la Capitale. Pour le moment, on n'a pas trouvé mieux que de limoger des responsables et suspendre l'activité de lavage des véhicules pour atténuer les effets de la crise. Mais, il en faut certainement plus, que l'eau coule dans les robinets, pour satisfaire les besoins de la population.

La wilaya d'Alger assure que toutes les mesures ont été prises pour permettre l'approvisionnement en eau potable de tous les habitants de la Capitale, et dans ce cas, on serait certain qu'il ne s'agissait que d'une mauvaise gestion du précieux liquide, qu'on pourrait corriger, et non pas d'un stress hydrique, insurmontable sans le recours aux coupures ou au dessalement d'eau de mer. L'été ne fait que commencer et le prochain ministre du secteur aura fort à faire pour étancher la soif des populations.