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Exportation: Le discours officiel à l'épreuve

par Abed Cherifi

Dans le sillage de l'annonce des statistiques encourageantes des exportations hors hydrocarbures pour 2020 et le premier trimestre de 2021, le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, souligne que « les pouvoirs publics doivent intensifier leur aide et accompagner les exportateurs sur leur lancée ».

S'exprimant sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio nationale, Ali Bey Nasri a estimé que « si les exportateurs font des efforts, les institutions en charge de l'acte d'exportation n'en font pas ».

Le président de l'Anexal a encore estimé qu'« il était temps de changer d'approche de gouvernance des pouvoirs publics sur l'exportation », soulignant « l'urgence d'agir en faveur des exportations ». « À voir la fonte systématique des réserves de change et le déficit de la balance commerciale depuis six ans, cela nous impose d'envisager l'exportation autrement, à savoir comme une fonction transversale », a-t-il plaidé. Et d'ajouter : « ministère du Commerce, douanes, banque d'Algérie..., autant de départements ministériels et organismes publics qui interviennent dans l'acte d'exportation, mais il manque un chef de file, qui s'assure que les instructions données soient appliquées », a-t-il déclaré.

Rebondissant sur le discours du président Tebboune du 18 août dernier, Ali Bey Nasri a expliqué que le chef de l'Etat « a exprimé, clairement et fortement, la volonté des pouvoirs publics d'accompagner les exportations et d'en faire une priorité, mais le constat actuel nous impose de voir que l'action est conduite autrement », a-t-il regretté.

Pour l'expert, si les statistiques des exportations hors hydrocarbures sont en hausse, c'est d'abord « grâce aux efforts consentis par les exportateurs eux-mêmes face aux nombreuses difficultés qu'ils rencontrent, notamment avec la règlementation des changes », a-t-il encore rappelé.

Les exportations augmentent avec les investissements

Poursuivant sa plaidoirie en faveur de l'acte d'exporter, l'invité de la Radio a estimé que « certains produits algériens émergent sur le marché international et c'est ce qui a fait remonter la valeur des exportations », ajoutant que « si ce rythme est maintenu, l'objectif de quatre milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures en 2021, fixé par l'Etat, sera atteint à 90% », a-t-il dit. « Pour la première fois l'Algérie va dépasser, cette année, la barre mythique des trois milliards de dollars d'exportation hors hydrocarbures », s'est-il réjoui.

Ali Bey Nasri a surtout insisté sur « l'urgence d'accompagner cet élan : c'est maintenant que l'accompagnement des pouvoirs publics doit être puissant pour porter ce mouvement positif », a-t-il souligné. Selon le président de l'Anexal, « l'investissement permet aux entreprises d'accéder au marché extérieur », citant plusieurs exemples comme les produits algériens qui émergent sur le marché international comme le ciment, les produits sidérurgiques et les pneumatiques. «Nous étions à zéro exportation de ciment en 2018, nous avons clôturé 2020 à près de deux millions de tonnes et les perspectives pour 2021 sont de cinq millions de tonnes», a révélé Ali Bey Nasri, qui a recommandé d'orienter les investissements vers les marchés porteurs. « Chaque centime dépensé des réserves de change doit être investi pour rapporter des recettes en devise », a-t-il insisté. « Il y a un syndrome de la devise à la Banque d'Algérie qui nous empêche d'avancer », a encore estimé le président de l'Anexal. Pour ce dernier, « le 28 avril dernier, la Banque d'Algérie a annoncé, par communiqué, de bonnes nouvelles sur la rétrocession des devises pour les exportateurs, mais jusqu'à aujourd'hui, rien n'a été appliqué et c'est une première », a-t-il déploré. « D'habitude, cela met au maximum dix jours pour appliquer les notes de la Banque d'Algérie », a regretté l'expert en commerce extérieur. « Entre la communication et l'action, le temps passe alors qu'il nous est compté », a-t-il conclu.