Le déblocage des salaires
des travailleurs de l'Education nationale, vendredi dernier, ne semble pas
apaiser la colère des enseignants, tous cycles confondus, dans la wilaya
d'Oran. Ils étaient hier des centaines d'enseignants à abandonner leurs classes
pour venir battre le pavé devant l'académie et le siège de la wilaya.
Les enseignants, en colère,
ont dénoncé à haute voix le « laxisme des responsables locaux et à leur tête le
chef de l'exécutif local et le nouveau directeur de l'Education qui n'ont rien
fait pour prendre en charge les revendications du personnel enseignant ». Les
protestataires ont regretté la politique d' « humiliation des enseignants » et
la dégradation des conditions de travail dans les écoles tout en promettant le
durcissement de leur « soulèvement de la dignité ». Les enseignants exigent
notamment une « date précise pour le versement des salaires des travailleurs du
secteur qui doit être impérativement programmée durant la première semaine de
chaque mois », « l'assainissement de la situation des primes, des indemnités de
l'expérience professionnelle et des promotions », « le versement des heures supplémentaires
» et « le déblocage des salaires des contractuels ». Ils réclament également
une commission ministérielle d'enquête dans les services du personnel, des
finances et des moyens de la direction de l'Education nationale de la wilaya
d'Oran et une autre enquête sur les raisons de la privation des travailleurs
des prestations des œuvres sociales en 2020. Les contestataires dénoncent
également la « négligence et l'irresponsabilité » constatées dans le service du
personnel de l'académie tout en regrettant l'égarement de dizaines de dossiers
des enseignants dans ce service. Ce « soulèvement de la dignité », entamé au
début du mois par les enseignants de la wilaya d'Oran, pourrait être une
étincelle qui mettra le feu à la poudrière dans le secteur de l'Education
nationale. Les contestataires et leurs délégués, soutenus par plusieurs
organisations syndicales (Snapest, Cnapest, Unpef?), ont appelé en
effet à une grève nationale pour dénoncer la dégradation du pouvoir d'achat des
enseignants et pour exiger de bénéficier de la retraite anticipée et des
prestations de la médecine du travail. Ce « soulèvement de la dignité » des
enseignants, qui a commencé par une histoire de retard dans le versement des
salaires, risque de dégénérer dans les semaines à venir vu que tous les
ingrédients (baisse du pouvoir d'achat, sentiment d'injustice parmi les
enseignants, bureaucratie, retard dans l'assainissement de la situation des
indemnités?) semblent réunis pour un pourrissement de la situation. Jeudi
dernier, la majeure partie des écoles, lycées et CEM avaient été paralysés par
un arrêt de travail décidé spontanément par les enseignants. Dans la matinée,
des dizaines d'enseignants, tous cycles confondus, ont organisé un sit-in de
protestation devant le siège de la direction de l'éducation avant d'entamer une
marche vers le siège de la wilaya où un grand rassemblement a été organisé.
Selon les protestataires, cette action avait été décidée spontanément par
l'ensemble des enseignants pour dénoncer cet énième retard dans le versement
des salaires, la « mauvaise gestion » et pour exiger une intervention du chef
de l'exécutif local et du directeur de l'académie pour intervenir et mettre un
terme au calvaire qu'ils endurent.