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Primauté du sucre et de l'huile contrariée

par Abdou Benabbou

La problématique du soutien des prix des produits de première nécessité est un serpent à plusieurs têtes. D'abord quand tout devient nécessaire, il est difficile de s'entendre sur ce qui est nécessaire. Vivre n'est pas un morcellement de besoins car aujourd'hui exister soumet l'individu à se plier à des nécessités de plus en plus larges et nombreuses, et tout ce qu'il peut faire ne serait que l'adaptation de chacun à ses propres priorités. Il reste certain que quand le téléphone mobile avec ses frais de recharge devient aussi vital que l'eau, la primauté de l'huile et du sucre devient contrariée. Les pressions de l'existence moderne d'aujourd'hui requalifient les priorités et vont jusqu'à rendre indispensables les cours de rattrapage particuliers payants pour les enfants.

Même si une politique de soutien des prix reformulée telle que l'on le laisse entendre est perçue comme une mesure d'accompagnement en faveur des moins nantis, elle ne saurait apporter le plein réconfort à des familles dans le besoin. Il va de soi que le procédé actuel mis en pratique depuis des années, pour soutenir les prix à l'heure actuelle avec 17 milliards de dollars puisés du Trésor public, a fini par avoir une tournure injuste puisque riches et moins riches en profitent à parts égales.

Le procédé avait été décidé d'antan quand tous les Algériens dans leur majorité étaient supposés partager la misère et le dépouillement des premières années d'indépendance et quand l'esprit d'alors était d'offrir et de donner plutôt que de prendre. Depuis le pays a drôlement changé. Les cultures individuelles et les sens donnés à la solidarité nationale aussi. Proposer une caisse de solidarité nationale pour que chaque Algérien y mette un peu d'argent ou bijoux dans un élan de patriotisme, provoquerait aujourd'hui une hilarité nationale généralisée.

Dans la logique de remettre les pendules à l'heure pour aller vers une équité justifiée, redéployer l'aide en direction de la seule population dans le besoin n'est pas un jeu d'enfant. Aucun logiciel particulier ne pourra réaménager une aide financière directe car la société algérienne de par son hétérogénéité n'offre pas un parterre clair pour ce qui est supposé être une véritable révolution.