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La nécessaire «vaccination de masse»

par R. N.

  Le chef de service et coordonnateur de l'unité Covid-19 du CHU Mustapha pense que « pour s'en sortir, il faut une vaccination de masse et efficace des personnes âgées de plus de 65 ans, sans condition, sans qu'elles soient des malades chroniques ».

Au-delà du constat d'une «immunité collective» avec en parallèle « une recommandation ferme et insistante du respect des mesures barrières », Prof Haiel estime en référence aux statistiques de l'ONS que «la vaccination de masse doit concerner les 5 millions d'Algériens de plus de 65 ans». Seulement, pour le moment, « l'Algérie n'a pas les quantités de vaccins qu'il faut, ce n'est pas tant faute de sous mais de disponibilité de vaccin chez les pays qui les produisent », dit-il. «On est dans la pénurie mais on est dans un dilemme, avec les quotas qu'on a, on ne peut pas aller loin, la demande nationale est de 30 millions de doses, si l'Algérie en achète 20 millions de doses de vaccins et les gens refusent de se faire vacciner, ce sera du gaspillage », pense Professeur Rachid Belhadj, chef de service Médecine légale et directeur des Activités médicales et paramédicales.

Il interroge en même temps que «ceux qui ont une immunité naturelle c'est-à-dire les personnes qui ont été contaminées naturellement et en sont guéries, on ne sait pas combien de temps leur immunité va durer, d'autant qu'on a reçu des malades contaminés pour la 2ème fois, on a peur, il y a urgence pour leur vaccination quand bien même le vaccin n'est pas obligatoire».

Pour Haiel, «il faut développer une politique de prise de conscience pour que les Algériens se fassent vacciner avec n'importe quel vaccin que le pays acquiert, on n'a pas à choisir entre l'un ou l'autre ». L'on note que la vaccination a commencé il y a près de 45 jours. «A Mustapha, on en a désigné les prioritaires, le personnel des services de consultations, de contrôle, de radiologie, les services Covid puis on a élargi la liste à tous les autres services de l'hôpital, au départ les gens étaient un peu réticents,», indique Haiel. Le DG de l'hôpital, Abdesselam Benana, nous explique que « nous y avons procédé avec un calendrier préétabli à raison de 2 services/jour, on a commencé à avoir 5-6 jusqu'à 10 demandes par service ». Haiel pense alors que «les gens ont eu le temps d'observer ceux qui ont été vaccinés, actuellement on a bien plus de demandes». Benana nous fait savoir que Mustapha compte 5.300 employés tous corps confondus.

«On a commencé la vaccination le 3 février dernier, on a saisi les professeurs chefs de service pour nous transmettre les listes de leur personnel qui accepte de se faire vacciner, parce que la vaccination est un acte volontaire, on a terminé la première rotation et on est passé à la 2ème il y a moins d'une semaine, on ne s'est pas arrêté, nous n'avons pas connu de pénurie de vaccin, nous avons en stocks les quantités qu'il faut pour le rappel après 21 jours du premier vaccin.» Il nous rappelle que pour la vaccination en Algérie, «priorité a été donnée aux personnels médicaux, aux corps constitués et aux malades chroniques de plus de 65 ans».

Haiel veut être optimiste en lançant «on n'a pas gagné la guerre contre la pandémie mais à mon avis on a gagné une bataille». L'apparition de variant le laisse penser que «la Covid-19 fait partie des virus qui luttent continuellement, c'est comme le virus de la grippe, il a opéré 340 mutations majeures, la grippe revient chaque année avec un nouveau variant auquel il lui faut un nouveau vaccin qu'on attend tous les ans entre octobre, je suis sûr que ce sera la même chose pour la Covid-19 ». Mais il prévient que « si en octobre dernier l'Algérie a vécu sa 2ème vague et qu'aujourd'hui elle vit une accalmie, elle n'est pas à l'abri d'une 3ème vague ou pic, peu importe l'appellation». Il note qu'«en octobre, on a eu jusqu'à 1.000 consultants, c'était après l'ouverture des plages, des mosquées, des espaces publics(...), il y a eu un relâchement terrible, un abandon quasi total des mesures préventives». L'accalmie d'aujourd'hui pourrait n'être que «de courte durée», pensent les spécialistes. « On n'est pas à l'abri d'une 3ème vague tant qu'il n'y a pas une extinction de l'épidémie, on doit rester vigilant, il faut un strict respect des mesures barrières», affirme Prof Belhadj. «Malheureusement, on revient au relâchement auquel il faut ajouter le retour du hirak, le virus aime bien les regroupements massifs, tous les ingrédients sont là», s'inquiète Prof Haiel.