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RETOUR DE BOOMERANG

par Abdou BENABBOU

Plusieurs pays européens et l'Amérique latine entière ne savent plus finalement où donner de la tête. Les vagues successives de la pandémie ont tout l'air de s'inscrire dans l'éternité, à l'image de celles des mers et des océans, et une large tranche de l'humanité retourne aujourd'hui à la case départ. Malgré les variées et nombreuses sérénades chantant l'hymne des différents vaccins, rien n'y fait; la population mondiale donne sa langue au chat et se met dans l'obligation de se soumettre à la répétition des couvre-feux, prise en étau entre le bavardage vaseux des savants et les explications oiseuses et consternantes des gouvernants. Les grandes annonces sur les différents vaccins ne semblent plus qu'une chimère, à tout le moins un outil pour rabâcher la perspective d'un espoir pour des jours meilleurs.

La France met ses sujets au cachot, limite les déplacements, les restaurants comme les cafés et les bars rebaissent les rideaux dans un continuel jeu de cache-cache avec un virus qui lui rit au nez. Toute l'Europe, comme une grande partie des Amériques, se plie à une atrophie civilisationnelle, comme si la nature la contraignait à une castration d'un genre nouveau à laquelle elle devra s'habituer dans une impossible adaptation.

Mais le plus curieux dans la teneur du tableau illustratif du galop continuel de l'insaisissable épidémie est le flagrant relâchement des Algériens comme si le coronavirus n'était plus qu'une histoire ancienne à oublier. Les distanciations physiques et le port du masque ne seraient plus d'actualité laissant croire que les confinements n'ont plus raison d'être et que la situation serait totalement maîtrisée.

A observer la large liberté de se mouvoir que s'accorde tout un chacun et à constater les ruches humaines qui meublent les marchés, les restaurants et les cafés, il est suggéré que les autorités algériennes, contrairement à celles du reste d'une partie du monde, sont parvenues à désintégrer un mal planétaire et qu'il n'y a plus de place pour la population que pour des jours heureux. En outre, on est de plus en plus amené à penser que la génétique algérienne, aidée par le fatalisme ancestral, a eu le beau rôle.

Cependant, au vu de la situation sanitaire catastrophique mondiale où les rebonds du virus sont continuels, il n'est pas recommandé de croire au père Noël. Un retour de boomerang serait catastrophique pour les Algériens.