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CNESE: Enquête sur l'argent de l'informel

par M. Aziza

Le Conseil national économique, social et environnemental (CNESE) a lancé, depuis quelques mois, une enquête sur «le stock et le flux de l'argent de l'informel qui circule dans le circuit économique en Algérie ». Cette enquête se veut un modèle d'évaluation scientifique de l'économie informelle et de «l'économie dite illégale».

C'est ce qu'a annoncé le professeur Rédha Tir, président du CNESE, lors d'un point de presse tenu en marge d'une conférence ayant pour thème « quelle planification économique pour l'Algérie d'aujourd'hui ?», qui a eu lieu à l'Ecole Nationale d'Administration (l'ENA) à Alger. Une journée organisée en hommage à feu docteur M'Hammed Boukhobza.

Pour le Pr Tir, cette évaluation doit être faite sur des bases scientifiques et professionnelles. « Nous avons plusieurs chiffres qui ont été rendus publics par différentes institutions officielles et des évaluations faites par des experts et des chercheurs, mais ce qui semble important pour le CNESE aujourd'hui, c'est d'aller vers la précision », et ce, dira-t-il, «en dégageant un modèle novateur basé sur les stocks et les flux d'argent du secteur informel». Il explique qu'« il ne suffit pas de dire que nous avons un stock de 6000 milliards de dinars qui circulent actuellement en Algérie hors secteur bancaire ou circulent hors contrôle». Mais, dit-il, « on doit prouver ces résultats et fiabiliser ces estimations et ces chiffres». Autrement dit « les pouvoirs publics doivent connaître exactement qui paie ses impôts de A à Z, dans quel secteur et dans quelle activité et de connaître d'où vient l'argent notamment de l'informel ».

Le CNESE vise à travers cette étude, précise M. Tir, la cohérence entre « les stocks d'argent qui sont dans l'informel et les flux qui circulent dans les circuits économiques ». Sachant, dit-il, que ces stocks d'argent sont utilisés dans les transactions économiques, commerciales et financières. « Ils ne sont pas figés et ils ne sont pas rigides, d'où la nécessité d'établir ce nouveau mode d'évaluation rapidement ».

D'autres modèles sont en train d'être élaborés par les services du CNESE, il s'agit notamment des modèles de la simulation économique et écologique. Des modèles qui permettront d'élaborer des stratégies pour améliorer la croissance économique, tout en préservant les ressources naturelles. « Nous sommes en train de collecter les données sur le terrain et celles transmises par les institutions et les départements ministériels de l'Etat », a-t-il annoncé. Avant la fin de l'année, le CNESE remettra ces trois modèles aux pouvoirs publics afin de les aider à prendre des décisions étudiées en se basant sur les données qui peuvent fournir les besoins, les prévisions et les estimations du choc économique.

Le président du CNESE a affirmé que l'économie de demain repose sur quatre principaux piliers « la réhabilitation du travail, la promotion de l'investissement, rendre la valeur à l'entreprise, mais surtout reconfigurer le rôle social de l'argent ». Mais on ne peut pas y parvenir, dira-t-il, sans « la refonte de certains textes qui sont nocifs et toxiques à l'activité économique et par rapport à la prise en charge des aspects sociaux et sans planification ». Affirmant que le rôle de cette dernière (la planification qui fait souvent défaut) est justement « la prévention et l'anticipation des risques, la surveillance et le contrôle des dangers et surtout la maîtrise de tous les processus économiques et sociaux dans un pays ». Et d'insister sur la nécessité de mener des enquêtes sur le terrain, «nous devons connaître le citoyen, l'environnement économique et social, on doit identifier les besoins pour pouvoir bâtir des politiques durables et efficaces», dira M.Tir

Les enquêtes sur les niveaux de vie des ménages sont en cours

Le président du CNESE a affirmé par ailleurs que deux grandes enquêtes ont été déjà lancées par son institution.

La première enquête est menée auprès de 15.000 familles algériennes sur notamment le niveau de consommation, des dépenses des ménages et des revenus, évaluant ainsi le niveau de vie des familles algériennes.

L'enquête avance bien, dit-il, puisque le conseil est en train de collecter les questionnaires déjà remplis avec le concours du ministère de la Solidarité et de l'agence nationale de développement social. L'autre enquête qui est en cours est menée auprès de 1500 familles et 1500 entreprises. Cette enquête est réalisée en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).