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Les jeunes sont les plus touchés: Forte hausse du taux de chômage en Algérie

par El-Houari Dilmi

« Le taux de chômage en Algérie connaît une augmentation sans précédent, avec une forte diminution des offres d'emploi depuis les trois dernières années», a révélé, hier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, El Hachemi Djaâboub, lors d'une séance travail tenue au Conseil de la nation.

En effet, exposant la situation de son secteur devant les membres de la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et la solidarité nationale du Conseil de la nation, le ministre a révélé que les offres d'emploi connaissent une diminution notable, passant de 437.000 en 2019 à 306.000 en 2020, soit une baisse de 30%. « Les offres disponibles sur le marché de l'emploi se limitent aux secteurs du bâtiment et travaux publics, l'hydraulique, l'industrie et le secteur des services », a encore expliqué El Hachemi Djaâboub, soulignant « une augmentation des conflits de travail individuels et collectifs ». Chiffres à l'appui, le ministre a révélé que les placements sur le marché de l'emploi ont chuté à 230.621 postes contre 335.311 en 2019, soit un recul de l'ordre de 31%. Sur les 365.000 jeunes bénéficiaires d'aide à l'insertion professionnelle et à l'insertion sociale des diplômés sur une période de trois ans, seuls 35.906 jeunes ont réellement été intégrés au 31 décembre 2020, a encore révélé El Hachemi Djaâboub, imputant cette situation à la non libération des postes d'emploi et la saturation, dans l'administration notamment, a-t-il affirmé.

« En dépit de la crise sanitaire que vit le pays, la Caisse nationale d'allocations chômage (CNAC) a financé 4262 micro-entreprises, avec la création de plus de 10.000 postes d'emploi dans des secteurs comme l'agriculture, l'artisanat et l'industrie », a indiqué le membre du gouvernement, révélant, au passage, que le monde du travail en Algérie compte 140 syndicats dont 48 organisations patronales. Soulignant le manque de résultats en ce qui concerne les inspections du travail à cause du « manque de moyens humains et matériels », selon lui, Djaâboub a indiqué que 242 milliards de dinars ont été décaissés par les caisses de sécurité sociale en 2019 au titre des remboursements des frais de médicaments, et près de 22 milliards pour les autres prestations comme la cardiologie, l'hémodialyse, les maternités ou encore le transport sanitaire.

Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a révélé, en outre, qu'un texte réglementaire est en cours d'élaboration pour la création de la retraite complémentaire au niveau de la Caisse nationale de retraites (CNR) et la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (CASNOS). La situation économique et épidémiologique que vit l'Algérie a eu « des retombées profondes sur le système de protection sociale, qui connaît un déficit structurel dans ses différentes filiales», a encore expliqué le ministre.

Ce dernier a également fait état d'un déficit de 680 milliards de la CNR, soit 50% du déficit global des pensions et retraites. Préconisant un élargissement de l'assiette des cotisations au secteur de l'informel, El Hachemi Djaâboub a expliqué qu'un travail de modernisation est en train de se faire au niveau des caisses de sécurité sociale pour améliorer le niveau de contrôle et de recouvrement des cotisations sociales salariales et patronales.

Le taux de chômage a augmenté de 3,6 points en 2020, comparativement à l'année précédente, selon un rapport de l'ONU. Selon le rapport «Analyse rapide de l'impact socio-économique du coronavirus sur l'Algérie» de l'ONU, la pandémie du Covid-19 a augmenté fortement le taux de chômage. Celui-ci a atteint 15%, contre 11,4% en 2019, soit une hausse significative de 3,6 points, selon l'organisation onusienne.