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Les frontières se referment

par Abdou BENABBOU

On aura beau chercher, on ne trouvera pas un moniteur de danse de Java meilleur que le coronavirus. La pandémie continue à rythmer les pas d'une humanité embarrassée ne sachant pas trop comment s'adapter à une cadence en montée pour finalement déboucher bientôt sur l'annonce de deux millions de morts.

L'Europe s'est davantage ancrée dans un enfer et les gouvernements comme les populations s'accrochent à un espoir bien trop léger que prodigue la mise en avant de la chape d'informations gonflées pour rassurer à propos de campagnes de vaccination dont on n'est pas encore certain de leur utilité. Les frontières se referment après avoir été entrebâillées et certains pays comme le Liban sont allés au-delà des couvre-feux pour carrément enterrer vivants leurs ressortissants chez eux. Il demeure étrange qu'au moment où différents vaccins sont trouvés les restrictions deviennent de plus en plus fortes et que la liberté de mouvement se restreigne. L'espace offert aux faits et gestes humains se réduit et il est curieux de constater que ceux qui sacralisaient le plus l'aisance de vie sont aujourd'hui les plus astreints à la distanciation obligatoire. On ne sait pas encore si cette lourde dîme à honorer est liée à la forte densité de la population ou si elle est due à une fâcherie maléfique civilisationnelle. Les deux se sont sans doute liguées pour damer le pion à une culture existentielle.

Les Algériens pour leur part cependant au cœur de cette fatidique et terrifiante marmelade auraient tort de croire que la bourrasque avec ses différentes faces n'a fait que passer. Jusqu'ici, son arrêt sur escale n'a pas provoqué trop de dégâts que dans son passage elle a emporté des êtres chers et de valeur. Mais la providence a souvent des relents suspects. Ses humeurs changeantes donnent des effets catastrophiques quand la garde est baissée.

Alors, vaccin ou pas, tout le monde devrait prendre conscience que la menace est insistante et que les petites et courtes aisances pour faire semblant de vivre pourraient subitement disparaître. Les Algériens ne sont pas mieux prémunis que les autres et que la catastrophe est plus que jamais présente à leur porte.