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Faut-il oublier l'allocation touristique ?

par Abdelkrim Zerzouri

Ne serait-il pas par pudeur et estime au citoyen algérien voyageant à l'étranger d'annuler carrément l'allocation touristique ? Parce que, avec une modique somme de 93 euros, actuellement servie par les banques en guise d'allocation touristique, on se demande vraiment si on arriverait à honorer la course pour quitter l'aéroport. De 150 euros, l'allocation touristique a chuté ces derniers jours à moins d'un petit billet de 100 euros dans le sillage de la chute vertigineuse de la valeur du dinar dans le marché officiel de la devise en Algérie, atteignant un taux de change jamais égalé par le passé, soit un euro contre 162,13 dinars. La logique voudrait, comme on l'a toujours fait, de revendiquer une augmentation de cette allocation touristique, mais vu la baisse conséquente enregistrée ces derniers jours, on devrait laisser tomber la formulation de sa demande auprès des banques, ou trouver une autre formule qui serait mieux entendue par les autorités.

Au minimum, les autorités auraient dû penser à garder sa stabilité à l'allocation touristique de 150 euros en ajustant le montant équivalent en dinars. En agissant de la sorte, n'a-t-on pas participé psychologiquement à l'actuelle flambée de l'euro sur le marché noir, qui atteint les 210 dinars dans une période creuse, où la demande des devises est très faible ? Et, ce n'est certainement pas la situation économique qui aurait dicté le montant de cette misérable allocation touristique, puisque des pays qui se débattent dans des problèmes économiques plus sévères accordent à leurs citoyens des allocations touristiques 20, 30 ou 40 fois supérieures à celle qui est allouée à l'Algérien. Durant sa campagne électorale, et après son investiture, le président de la République a avoué que cette allocation touristique n'est pas digne du citoyen algérien, promettant de l'augmenter jusqu'à 1500 euros. La question délicate a été encore soulevée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de son entretien avec la chaîne de télévision russe RT (Russia Today), le 21 février, où il réitérera sa volonté de procéder à une augmentation de cette allocation touristique pour «permettre au citoyen algérien de se déplacer à l'étranger tout en préservant sa dignité», et qu' «elle sera accordée une ou deux fois par an», non sans lier cette perspective à une réforme de l'économie nationale.

D'ailleurs, les économistes et les représentants du peuple sont unanimes sur la difficulté, voire l'impossibilité, d'approuver toute augmentation de la valeur de cette prime à l'ombre d'une crise sanitaire doublée d'une crise économique. Comme si c'était autrement du temps de l'aisance financière, qui a seulement profité à une caste d'Algériens. Attendre, donc, l'accomplissement des réformes économiques et bancaires, la relance du dinar et le passage du Covid-19 pour prétendre à une hausse de la valeur de l'allocation touristique. Un projet pour les générations futures ? Le marché noir de la devise a encore de beaux jours devant lui.