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LES VERITES PLURIELLES

par Abdou BENABBOU

Il est un constat frappant que nul ne peut nier. Ce sont les pays où les libertés individuelles sont les plus larges qui paient le lourd prix à la pandémie. Les Américains sont en tête de liste et le nombre des victimes ailleurs décroit en fonction de la décroissance des libertés.

Le paradoxe qu'impose la nature est assez signifiant pour établir qu'il arrive à la nature de prendre du recul quand elle bute contre la discipline immanquablement perçue comme une dictature. Tout prête à croire que son recul ne répond pas d'abord et avant tout à la planification imposée des confinements passagers mais l'épidémie s'avoue vaincue devant une population rodée et toujours contrainte à une marche outrageusement disciplinée. Ironie du sort dans la situation actuelle, toutes les dictatures décriées par les tenants des libertés sont en passe de s'affirmer comme une des armes les plus efficaces contre les pandémies. Curieux état des lieux du monde où les libertés et les dictatures se confondent pour que la confusion désagrège les sens, parfois même les idées reçues. Les colères imprévisibles de la nature donnent des raisons de ricaner à des pays où l'on est obligé de demander la permission pour respirer.

On a déduit à la légère que ce sont surtout les pays les plus riches qui sont les plus affectés. Possible si l'on tenait compte de leurs relatifs niveaux de vie. Mais très loin d'une quelconque apologie du despotisme, on remarque cependant que le mortel virus embarrasse sérieusement la plupart des notions de liberté et l'on est surpris d'entendre les fervents défenseurs de la démocratie faire l'éloge des tenants de l'absolutisme.

Le corona a perverti totalement le sens accordé à la démocratie et confirme que la liberté, éternellement façonnée par la nature, est relative. Il démontre avec force et dégâts que leur croisée vêtit les cultures.

L'avantage qu'offrent les actuels paradoxes face à la pandémie est de pouvoir se nourrir de la conviction qui fait que les vérités sont plurielles.