Ainsi, Aboubakr Benbouzid, ministre de
l'Education durant deux décennies, - record national de longévité -, serait, à
lui tout seul, ce concentré de tous les échecs, trop longtemps ruminés, de tout
le pays. Pourtant, la «très particulière» pratique de la politique sous nos
latitudes «très spéciales», nous a appris que les perdants d'hier peuvent, très
bien, être les gagnants de demain ? Et puis quoi sur Benbouzid,
sinon qu'il n'est que la tête qui dépasse la «meute» qui a longtemps fourré ses
mains dans la gigantesque mangeoire qu'était devenue la République. Même si
tous nos échecs, longtemps ruminés, se focalisent sur quelques noms de la
grande faune «dinausauresque» du personnel politique
du pays, un peu comme un arbre rachitique qui cache une jungle immense,
pourquoi Benbouzid devrait-il être jugé quand nous
échouons presque tous, partout, dans tous les domaines, et à tous les niveaux ?
Les Algériens seraient-ils dans leur bon droit de s'offusquer de la gigantesque
incurie qui se déroulait, vingt ans durant, sous le sceptre de la République,
que le nœud gordien réside bien dans : qui doit demander quoi à qui ?! Sinon, à quoi servirait-il de réclamer la tête d'untel ou
d'untel, fussent-ils les fossoyeurs de l'avenir de nos enfants, quand le
miracle, en politique, comme en d'autres domaines de la vie nationale, n'est
plus de ce monde, et depuis très longtemps déjà ! Sinon, que peut représenter,
«comme danger», le retour aux affaires de X ou Y, ou même le retour, par la
grande porte, de Benbouzid ou Ben-bidule, comparé au
désastre consommé de l'école algérienne, devenue le réceptacle de tous les
avatars et tares d'un pays où la méritocratie n'a jamais eu droit au chapitre ?
La preuve que le changement salutaire n'est pas pour demain : en quoi ceux qui
veulent juger cet artisan d'un cataclysme d'un autre genre et «son» école
algérienne, sont-ils différents ou meilleurs que ce «beau-fils» ou «beau-frère»
de Poutine, ou «la grosse énigme du pouvoir algérien» déchu, selon d'autres ? D'aucuns
feignent d'oublier qu'après vingt ans de «benbouzidation»
ou plutôt de lobotomisation, Benbouzid a failli
devenir le boss de la deuxième formation politique du pays. Assurément,
l'Algérie ne veut et ne peut plus rester ce cimetière (à ciel ouvert) des
espérances. D'abord pour ses propres enfants. Avant et après le soleil de la
Liberté. En attendant, Benbouzid, et tous les autres
comme lui, peuvent très bien couler des jours heureux, ils ne sont pas les plus
mauvais d'entre-nous !