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AVEU

par Abdou BENABBOU

De nouvelles mesures préventives contre la pandémie ont été décidées jeudi par le gouvernement. Le retour au confinement et à la mise en place d'une série de préventions et de contraintes pour la population est presque un aveu des difficultés sérieuses que rencontrent les autorités pour venir à bout d'un phénomène mortel décidé à s'installer dans la durée. Il était évident que l'Algérie avec ses faibles moyens ne pouvait mieux lutter sur un terrain pandémique mondial là où des puissances autrement mieux outillées dans tous les domaines s'avouent bel et bien désarçonnées.

La catastrophe sanitaire qui a déjà causé plus d'un demi-million de morts dans le monde et qui a contaminé plus de douze millions de personnes n'est pas une mince affaire et démontre dans la tragédie que les mesurettes autoritaires initiées contre elle ne sont que des palliatifs insuffisants et dérisoires. Le monde entier a fini par comprendre que le virus imposait un paradoxe monstrueux quand il s'agit de tout entreprendre pour la survie, mais en même temps contrarier et mettre à l'arrêt les activités qui permettent de garantir cette survie.

L'aveu des autorités, à la vérité, ne doit pas cependant s'arrêter au constat des incommodations quotidiennes et rester figé sur des questions d'incivisme et de comportements humains qui, bien qu'elles soient importantes, n'expliquent pas la vraie nature du problème. Il renvoie nécessairement à l'ensemble des structures sociales et économiques dans lesquelles évolue la société et démontre partout avec superbe que les cultures et les civilisations humaines ont toujours du mal à s'adapter aux grandes catastrophes naturelles. Sur ce large registre, il est à craindre que les Algériens dans leur majorité soient inscrits dans le danger car l'articulation de leur vivre ensemble et leur partage de l'espace commun mal organisés sous les effets des fortes urgences prédisposent à la croissance de tous les maux. La politique d'urbanisation souvent irréfléchie et la philosophie du logement hâtif pour tous avec ses milliers de cités-dortoirs où s'entasse la population, à elles seules, prises comme unique exemple présagent de futures perversions sociales et assurent la survenue de pandémies d'un autre genre.