Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le ou la COVID ?

par Sid Lakhdar Boumédiene

Puisque l'utilisation du français est encore le fait de plusieurs médias en Algérie, la question n'est pas saugrenue. Et comme toujours lorsqu'il s'agit du bon usage de la langue française, nous nous retournons vers cette vieille institution fondée par Richelieu, en 1634. L'Académie française a pour mission de normaliser et perfectionner la langue française.

C'est en quelque sorte la garante du bon-parler mais aussi du socle commun de langage dont a absolument besoin un pays pour communiquer, réfléchir et créer.

À propos du COVID, elle s'est bien rendu compte qu'il y avait un flottement quant au genre du mot et constate que l'usage majoritaire est l'emploi du masculin.

La vénérable institution a donc tranché récemment par un billet sur les mauvais usages. Elle rappelle que pour les acronymes, le genre est dicté par le mot «noyau». On dit «La SNCF» car le mot «noyau» est Société.

Pour les acronymes en langue étrangère, la situation est plus délicate mais le principe reste le même. On prend en compte le genre du mot noyau traduit. Ainsi on dira «Le FBI» car le mot noyau traduit est Bureau. Même chose pour «La NASA» puisque Agence est féminin et ainsi de suite. Les lecteurs ont compris que le mot noyau n'est pas le premier dans la plupart des cas en anglais. Par cette considération l'Académie française regrette l'utilisation officielle du masculin «Le COVID». Tout simplement parce que le mot noyau en anglais est Disease, on devrait dire «La COVID» puisque la traduction est Maladie.

On se souvient que la haute Académie avait eu toutes les difficultés à se faire entendre pour la question de la féminisation des noms de métiers lorsqu'il s'agissait d'une femme. La loi voulait tout simplement rectifier une injustice et permettre «madame la proviseure» par exemple. Elle s'était insurgée car elle estimait qu'il s'agissait d'une fonction et non de la personne qui l'incarnait. Elle avait ainsi rappelé que le nom des métiers était toujours masculin comme une table est du genre féminin sans que cela soit une interprétation de discrimination pour l'un ou pour l'autre.

En définitive le juge de paix qui tranche de tels débats est toujours l'usage qui possède une force plus grande que la prescription légale ou l'avis académique.

L'Académie française l'admet car elle se base, elle-même, sur l'usage pour introduire un nouveau mot ainsi que son genre dans le dictionnaire.