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Pêche: Des professionnels dénoncent la clochardisation de la profession

par M. Aziza

Exposés sur les trottoirs, sur des étals de fortune parfois rouillés, le thon rouge est vendu, en absence de contrôle, à des prix exorbitants, sans respect des conditions d'hygiène et de vente conformes à la réglementation. C'est ce qu'a affirmé M. Bellot Hocine, président du comité des marins pêcheurs au Quotidien d'Oran, dénonçant ainsi le laxisme des autorités concernés quant à l'organisation du commerce du thon et du poisson en général.

Un thon rouge est acheté dans le commerce de gros entre 500 et 600 dinars le kilo, mais il est cédé par les détaillants à 2.200 dinars le kilo dans la wilaya de Skikda, à 1.600 dinars le kilo à Annaba et à 1.200 dinars le kilo à Alger. A l'Ouest du pays son prix varie entre 1.600 et 1800 le kilo. Selon Hocine Bellot son prix ne devrait pas dépasser les 1.000 dinars le kilo dans les quatre coins du pays.

Et selon notre interlocuteur, il n'y a pas uniquement la question des prix qui pose problème, mais «la clochardisation du commerce du thon». Il précis que le thon qui devrait être étalé dans des présentoirs frigorifiques à température ambiante est exposé sur des étals en acier souvent rongés par la rouille et dans des caisses en bois. Pourtant, affirme-t-il «la vente des produits de la pêche et de l'aquaculture sur les trottoirs, sur les bords des routes et dans des caisses en bois est formellement interdite».

M. Bellot affirme en outre que le thon est souvent découpé avec des scies de menuisier et des couteaux usés, alors qu'il devrait être découpé à l'aide d'une scie de boucher, tout en respectant les mesures d'hygiène. Car, dit-il, le thon est un poisson très sensible aux contaminations et à la pollution. Ce qui peut entraîner facilement des intoxications alimentaires.

Le comité, selon M. Bellot, a déjà lancé un appel via Facebook, interpelant le ministre du Commerce «du moment que la majorité des directions de commerce de wilayas ne réagissent pas mais notre appel est resté sans suite», dit-il. Il a affirmé que le comité est en train d'élaborer un rapport détaillé sur la «clochardisation» de la vente du poisson que ce soit dans le commerce du gros ou de détail. Un rapport qui sera déposé prochainement par le comité à la chefferie du gouvernement.

Le ministère de la Pêche et des Produits halieutiques a déjà procédé aux derniers préparatifs pour le lancement, à partir du 26 mai en cours, de la campagne de pêche au thon rouge pour l'année 2020, afin de pêcher un quota de 1.650 tonnes, selon les déclarations du directeur du développement de la pêche au ministère, Kadour Omar, faites à l'APS. Il a affirmé dans ce sens que «l'Algérie s'est vu accorder un quota de pêche de 1.650 tonnes de thon rouge, au titre de l'année 2020 sur une réserve totale de 36.000 tonnes autorisée à la pêche par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA)»

D'autres part, le président du comité des marins pêcheurs appelle au contrôle des poissons importés dont la durée de la vente ne doit pas les 11 à 12 jours. «Des vendeurs sans scrupule refusent de jeter la marchandise non vendue, ils utilisent des produits de conservation des cadavres (un produit très dangereux et classé dans la famille des cancérigènes), on leur ajoute le sel, pour que les poissons importés gardent leur brillance, il est exposé sur les étals comme un poisson frais algérien», dénonce-t-il.