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Commerces fermés à Blida: Satisfaction des uns et colère des autres

par Tahar Mansour

La décision de fermer de nouveau de nombreux commerces pour non-respect des mesures de confinement a été accueillie avec satisfaction par de nombreux citoyens qui avaient été pris de panique à la vue des chaînes compactes devant certains magasins, comme les marchands de confiserie orientale. «La décision est sage et nous l'avons appelée de tous nos vœux, la situation aurait pu dégénérer gravement si ces chaînes avaient perduré», déclare un sexagénaire, retraité, portant bavette et gants et se tenant à distance respectueuse pour nous parler. La même satisfaction est remarquée chez Mohamed, la quarantaine, qui explique: «j'ai écrit à plusieurs reprises sur ma page Facebook pour demander aux autorités d'être fermes avec l'application des mesures de confinement. C'est vraiment insensé de voir des dizaines de personnes, hommes, femmes et enfants, agglutinées devant un magasin de zalabia, de vêtements pour enfants ou autres, en ces temps de danger extrême, face à un ennemi que nous ne voyons pas et qui se déplace à chacun de nos souffles ». Les mêmes réponses fusent de la bouche de plusieurs citoyens à qui nous avons demandé leurs avis sur la décision prise par les autorités publiques de fermer de nouveau certains commerces.

«Au vu de l'augmentation du nombre de cas de contamination, il fallait prendre cette décision car les mesures de confinement ont été très vite mises à l'écart et les gens se comportaient, et se comportent toujours, comme si nous étions dans une situation normale», affirme une dame d'âge moyen qui attendait son tour pour pouvoir entrer au bureau de poste et retirer de l'argent.

Mais chez les commerçants touchés par cette mesure, c'est un autre son de cloche que nous avons entendu : «regarder les chaînes pour l'achat d'un sachet de lait, ils sont collés les uns aux autres, allez voir chez les marchands de fruits et légumes qui, après la fermeture des marchés communaux, ont envahi les rues et les ruelles, les quartiers, disposant des étals de fortune n'importe où, vendant leurs produits dans des conditions d'hygiène déplorables. Ensuite, lorsqu'ils quittent les lieux, ils les laissent avec plein de détritus, alors que mon local où je vends des vêtements pour hommes n'accueille qu'un ou deux clients à intervalles éloignés et je respecte toutes les mesures d'hygiène, pour me voir obligé de fermer», nous a lancé au bord de la déprime un jeune commerçant de vêtements pour homme, Ali. Il s'empresse d'ajouter: «je n'ai pas ouvert mon magasin durant plus d'un mois, je paie 40 000 DA de loyer, l'électricité et les impôts et je n'ai même pas bénéficié d'un couffin de Ramadhan, les 10.000 DA alloué par le Président ne nous sont pas encore parvenus et je ne sais même pas comment faire». Un peu plus loin, un coiffeur est assis à même le sol devant son local et avoue: «je vous jure que j'ai respecté toutes les mesures de confinement et de distanciation sanitaire et on m'oblige à fermer, d'où vais-je nourrir mes enfants ? Je crois que je vais être obligé de travailler à rideau fermé, au noir». D'autres pointent du doigt leurs clients qu'ils accusent de tous les maux: «j'ai pris toutes les dispositions dictées par les pouvoirs publics et même un peu plus, mais si les clients ne sont pas disciplinés, que puis-je faire ? Quand je demande à un client de mettre une bavette, il me regarde avec mépris et me dit qu'il est libre, certains commencent à crier, ce qui est nuisible au commerce et les clients fuient vers d'autres locaux. Un vieil homme à qui j'ai présenté une bouteille de liquide pour se désinfecter les mains m'a lancé avec colère «je ne suis pas sale, je ne suis pas malade et je ne vais rien acheter chez toi», s'est écrié un vendeur d'articles électroménagers qui venait d'être obligé de fermer boutique.