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ALLER SE FAIRE VOIR AILLEURS

par Abdou BENABBOU

Contrairement aux théories savantes, il s'avère de plus en plus que la nature humaine est statique. Tout porte à confirmer qu'elle n'est prête ni à s'amender ni à changer. On a cru un moment que les catastrophes naturelles, arrivant toujours sans prévenir en emportant des millions de vies humaines, devaient tempérer l'inconscience des hommes en leur recommandant un humanisme conforme à ce que doit être leur statut. Etres vivants particuliers conscients de l'impératif de solidarité qui doit les réunir pour un monde censé toujours meilleur. Mais rien n'y fait et chaque siècle qui passe les amène à pervertir la destinée de l'humanité qu'ils façonnent avec un sadisme terrifiant.

Se voir notifier sans réserves et toute honte bue que 1.917 milliards de dollars d'armes ont été vendues dans le monde dernièrement bouscule sauvagement la raison. Le décompte ne répond à aucun entendement au moment où les trois quarts de la population sont repliés dans un confinement et sa moitié meurt de faim. A quoi sert alors toute cette amplification des émois pour souligner que l'humanité est en grand danger ? Ceux qui s'activent dans ce commerce démoniaque et ceux qui s'en abreuvent donnent l'impression d'offrir un choix triptyque imparable entre le missile et la kalachnikov, la faim ou les pandémies. Les marchands d'armes et ceux qui leur tendent la main sous les comptoirs offrent à sa seigneurie coronavirus de quoi s'étonner, car prétendre garantir la vie sur terre en forçant ses habitants à donner la mort est le musc de l'irrationalité.

Ceux nombreux qui affirment que le monde ne sera plus comme avant et que la pandémie a donné à l'homme de quoi réfléchir et de quoi l'assagir, la quantité de plus en plus importante d'armes vendues leur recommande d'aller se faire voir ailleurs. Les typhons et les ouragans peuvent passer et repasser car les riches et les nantis garderont dans le sang l'envie de parader avec canons et bandoulières. Le son des trompettes qu'on entend déjà annonce un siècle d'une errance douloureuse des gens du monde.