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L'annulation du Hadj en méditation

par Abdelkrim Zerzouri

La décision d'annulation de la saison ?Hadj 2020' n'est pas totalement consommée, mais l'éventualité est dans l'air du temps coronavirus. Une récente annonce concernant le Hadj, publiée ces derniers jours sur le site du ministère saoudien du Hadj et de la Omra, et qui a appelé les pays musulmans à suspendre momentanément les préparatifs pour le Hadj 2020 jusqu'à ce que «la vision soit claire à propos de la pandémie et ses effets actuels et futurs», a été hâtivement interprétée comme une annulation de la saison ?Hadj 2020' à travers de nombreux avis largement partagés sur facebook par les internautes des pays musulmans et également par certains médias qui ont relayé l'information.

Une telle information peut bien susciter pareils commentaires, sur un plan purement prévisionnel, mais pour une lecture et une explication fidèle au texte en question, il serait plus correct et plus précis de relever que le ministère saoudien du Hadj et de la Omra n'exclut pas la possibilité d'une annulation du ?Hadj saison 2020'. On n'est pas encore arrivé, donc, au stade catégorique de l'annulation du Hadj, prévu cette année à la fin juillet et début août, comme ce fut le cas pour la Omra, dont les visas sont suspendus « temporairement » depuis le 27 février jusqu'à nos jours. Ainsi, pour le Hadj ?saison 2020', même si la question n'est pas tranchée et reste tributaire de l'évolution de la situation pandémique, la probabilité d'une annulation reste du domaine du possible.

Selon le ministre saoudien, l'Arabie Saoudite est parfaitement préparée à servir les pèlerins, mais dans les circonstances actuelles et dans le souci de protéger la santé des musulmans et des citoyens, le royaume recommande de ne passer aucun contrat avec des sociétés pour effectuer le Hadj, « jusqu'à ce que la situation soit claire ». Les autorités saoudiennes, qui mesurent l'énormité des pertes dans un contexte d'annulation du Hadj dans le prolongement de l'annulation de la Omra, sont en phase d'étudier toutes les possibilités, entre annulation pure et simple du Hadj ou décider, comme cela a été fait pour la Omra en 2003, lors de la propagation du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), une annulation d'octroi des passeports Hadj à certains pays qui ne se remettraient pas de la maladie, ou encore exiger des certificats qui garantissent la non infection des pèlerins au coronavirus et fixer un seuil d'âge pour les futurs pèlerins, qui ne dépasserait pas les 50 ans. Soit, en d'autres termes, aller vers une réduction drastique du nombre des pèlerins, qui devrait en temps normal dépasser les 2,5 millions de personnes (nombre enregistré lors du Hadj ?saison 2019').

Toutes ces considérations sont propres au pays d'accueil, l'Arabie Saoudite, mais qu'en est-il des pays musulmans, qui ont procédé à l'identification des futurs pèlerins et de ces derniers qui attendent ce moment béni avec beaucoup d'impatience depuis des années pour nombre d'entre eux ? Tous les pays musulmans se trouvent suspendus à la décision des autorités saoudiennes pour l'appliquer de suite, sans tergiversation.

Et, si jamais telle décision est laissée aux futurs pèlerins, eux-mêmes, rares seraient ceux qui refuseraient de se rendre aux Lieux saints pour l'accomplissement du 5e pilier de l'Islam par crainte du coronavirus ou toute autre menace. On a déjà un échantillon d'une telle hypothèse avec les réactions fâcheuses des personnes qui ont vu s'envoler leur espoir d'accomplir la Omra.