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Blida J8: L'angoisse des incertitudes

par Tahar Mansour

En ce huitième jour du confinement, l'annonce de la mort du Pr Si Ahmed Mahdi, chef du service chirurgie au CHU Frantz Fanon, a fait tomber un froid angoissant sur tous ceux qui l'ont connu. La première idée qui passe par la tête est de se dire puisqu'un personnage de cette trempe, un scientifique émérite qui a sauvé tant de vies humaines, meurt de cette façon, terrassé par cet ennemi invisible, qu'en est-il de nous autres ? Bien sûr, nous croyons tous à la destinée, mais qu'il ait été infecté et qu'il soit arrivé à un stade aussi grave ayant entraîné le décès, est une chose qui n'aurait pas dû arriver car, étant médecin, il a certainement pris toutes les précautions mais, en plus, il avait beaucoup plus de chances que nous pour découvrir très vite qu'il était infecté et aussi pour être traité de manière efficiente. Mais c'est la volonté de Dieu et nous nous y conformons.

L'autre annonce qui fit augmenter nos angoisses, c'est le nombre de nouveaux cas (73) qui n'augure lui non plus rien de bon, le nombre de cas confirmés augmentant chaque jour, les guérisons sont toujours peu nombreuses (37 cas) selon les dernières statistiques. Enfin, le durcissement des mesures de confinement à deux jours de la fin non annoncée de ces mesures nous laisse croire que nous allons certainement aller à une autre période plus longue que la deuxième, avec une autre incertitude : cela suffira-t-il pour vaincre ce virus qui a mis à mal des systèmes de santé autrement plus performants que le nôtre ? D'ailleurs les paroles du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, lors de sa visite à Blida, laissent entrevoir la gravité ?gravissime', si l'on ose dire, de ce que nous vivons à l'échelle planétaire : « il y a bien une crise sanitaire, mais il n'y a pas de crise alimentaire ou d'approvisionnement », a-t-il affirmé.

Concernant la vie de tous les jours, il faut dire que hormis la semoule, la farine et le lait, nous trouvons presque tout ce dont nous avons besoin, à des prix un peu chers mais abordables quand même. En parlant de produits rares, ils constituent, outre le manque de produits alimentaires, un danger certain pour un nombre très important de personnes, annihilant presque toutes les mesures de confinement que nous observons par un comportement irresponsable. En effet, et nous remarquons cela tous les jours, des chaînes interminables se forment devant les épiceries qui ramènent l'un ou l'autre de ces produits devenus rares. Ceux qui font la chaîne oublient la situation dans laquelle nous nous trouvons et se collent les uns aux autres, discutant visage contre visage, sans aucune précaution. Ce comportement est très dangereux et il faudrait que les services concernés trouvent un moyen pour éviter ces véritables attroupements. Le plus aberrant, c'est que nombreux sont ceux qui ne comprennent pas qu'il s'agit de mesures et refusent même de s'y conformer, arguant que ?quand la maladie arrive, elle arrive et c'est tout', une fatalité et une croyance hors sujet. Un autre problème s'est posé avec l'implication des citoyens dans la distribution des aides alimentaires, surtout par le choix de ceux qui doivent représenter leurs voisins. De nombreuses voix s'élèvent à travers les communes de la wilaya de Blida pour protester contre ces choix ou pour les accuser de favoritisme. Nous ne disons pas que les choix sont mauvais, nous savons tous qu'il est impossible de satisfaire tout le monde mais, au lieu de porter le choix sur une seule personne, il aurait été plus judicieux de désigner trois ou même quatre représentants pour chaque quartier, ce qui éviterait des frictions dont on devrait se passer aux temps présents.

Toujours pour ce qui est des aides en produits alimentaires, nous avons rencontré le président de wilaya du Croissant rouge algérien, M. Mohamed Gourma, qui nous a déclaré que l'institution qu'il dirige a déjà distribué des dizaines de couffins aux familles démunies à travers le territoire de la wilaya de Blida. Déjà, nous avons commencé la distribution de 200 couffins quotidiennement à partir du 26 mars courant, ceci au niveau du siège de la commission de wilaya à Blida. « Nous avons aussi effectué des sorties nocturnes au niveau de certains quartiers de la ville de Blida où nous avons distribué des couffins aux familles nécessiteuses et aux orphelins », nous a-t-il annoncé. En plus, le 30 mars, le CRA a distribué 100 couffins au niveau de la commune de L'Arba et l'opération continuera à travers toutes les communes de la wilaya. « Nous distribuons ces couffins particulièrement au niveau de la ville de Blida qui demeure une région particulière puis dans les autres communes, ceci à chaque fois que nous recevons des denrées de la part des donateurs », a encore précisé M. Gourma. Outre les couffins comprenant des produits alimentaires, le CRA a procédé à la distribution de semoule, en coordination avec les services de la wilaya et des APC, au niveau des communes de Béni Tamou, Oued El Alleug, Mouzaïa, Hammam Melouane, Boufarik, Bougara, L'Arba et Benkhellil. A l'avenir, assure notre interlocuteur, « nous allons procéder à la distribution de nombreux produits que nous attendons ces jours-ci, mais il y aura une commission composée du P/APC de chaque commune, d'un membre du CRA, d'un membre de Kafil El Yatim et d'un membre des Scouts algériens, commission qui procèdera à la distribution des produits que nous allons recevoir ».

Enfin, plusieurs appels ont été lancés sur les réseaux sociaux, par téléphone et même de vive voix afin que les mesures de confinement soient observées de manière stricte par tout le monde, quitte à ce que les services de sécurité soient plus sévères envers les récalcitrants, car il y va de la sécurité de tout le monde.