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Dépistage du coronavirus: Les carences pointées du doigt

par Houari Barti

Le Pr Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), a estimé, hier, que « l'Algérie a besoin de mesures de soutien supplémentaires et d'un allongement de la durée du confinement après l'augmentation notable enregistrée dans le nombre de cas positifs et de décès à cause du nouveau coronavirus (Covid-19).

Invité de l'émission « la Matinale » de la Chaîne 1 de la Radio algérienne, le professeur Khiati a ainsi plaidé pour « un renforcement des tests de dépistage » comme première mesure, afin d'augmenter le nombre de tests effectués actuellement qui, selon lui, reste limité entre 100 et 150 par jour. Un nombre très insuffisant, a-t-il estimé, comparé à des pays comme la Corée du Sud qui réalise en moyenne 25.000 tests/jour ou encore l'Allemagne qui effectue jusqu'à 500.000 tests/semaine et même comparé à la Tunisie voisine qui a relevé ses capacités de dépistage à pas moins de 5.000 tests/semaine. Pour l'invité de « la Matinale », « il ne s'agit nullement de nier l'efficacité de la mesure de confinement adoptée par les autorités algériennes et ses résultats positifs, mais « ces derniers restent relatifs, à cause des mauvais comportements et de l'inconscience de certains Algériens de la véritable ampleur du danger, » ce qui conforte, a-t-il souligné, « la probabilité de l'existence de cas positifs au Covid-19 non identifiés ». Aussi, a-t-il ajouté, et afin de combler toute brèche dans le dispositif de prévention, il est aujourd'hui « très urgent d'intensifier les dépistages quotidiens » pour faire face à la propagation du virus. Interrogé sur les contraintes qui entravent jusque-là cette option d'intensifier les tests de dépistage au Covid-19, notamment celle ayant trait aux retards constatés pour la sortie des résultats, le Pr Khiati dira que ce problème s'explique par deux facteurs.

Le premier a trait à la technique utilisée dans ces tests, dite de PCR, qui s'appuie sur la duplication en grand nombre de la séquence ADN.        

C'est l'une des meilleures techniques utilisées actuellement. Son défaut, en revanche, est qu'elle nécessite un temps qui peut aller jusqu'à 6 heures pour avoir les résultats. Sans compter le fait qu'elle a besoin de cadres qualifiés et formés à cette technique et qu'elle n'est pratiquée finalement qu'au niveau de l'Institut Pasteur, a-t-il expliqué.

Le président de la FOREM n'a pas manqué à ce propos de faire référence à d'autres techniques plus rapides et presque aussi fiables que celle du PCR qu'on peut utiliser et qui ont fait leurs preuves dans beaucoup de pays, dont la Turquie et l'Espagne.

La deuxième faiblesse citée par le Pr Khiati porte, quant à elle, sur le manque de laboratoires d'analyses virologiques, l'Algérie ne disposant que d'un seul laboratoire du genre, alors qu'il aurait fallu créer un laboratoire de virologie dans chaque centre hospitalo-universitaire du pays, particulièrement après l'apparition d'une multitude de virus depuis 2002 et 2003 avec l'émergence des virus SARS et H1N1 et par la suite les virus Ebola et Zika. Ces laboratoires de virologie, à différencier des laboratoires chargés de la recherche sur les virus, sont en fait, a-t-il ajouté, des unités qui doivent relever des laboratoires biologiques. Mais ce qui est constaté depuis plusieurs années déjà, c'est qu'il y a « une situation de monopole de cette activité au profit de l'Institut Pasteur », lequel est passé graduellement « d'une vocation de centre de recherche à une vocation commerciale, avec de nouvelles prérogatives lui permettant notamment d'acheter des vaccins et s'occuper essentiellement de tous ce qui a trait aux vaccins ».

De ce fait, on peut dire que l'Institut Pasteur a perdu « l'essentiel de ses missions d'origine, et c'est ce qui explique peut-être le retard accusé dans le domaine ».