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Privation de liberté et isolement !

par Abdelkrim Zerzouri

Le confinement dans le confinement des détenus au niveau des établissements pénitentiaires, depuis l'apparition des premiers cas atteints du coronavirus en Algérie, peut-il être considéré comme une atteinte aux droits de l'homme ? Absolument pas. Et, il n'y a qu'à considérer le fait que près de 2 milliards d'êtres humains sont confinés sans être sous le coup d'une quelconque condamnation privative de liberté pour convenir que la mesure, globale, est imposée par la menace pandémique. C'est pénible pour les détenus et pour leurs proches, qui ne peuvent plus leur rendre visite ou leur ramener le « panier » alimentaire, mais il est indispensable de renforcer leur isolement.

L'interdiction de tout contact extérieur susceptible de contaminer les détenus, y compris avec les avocats, la mise en quarantaine des nouveaux détenus pour une durée de 14 jours dans des salles isolées et les soumettre à un examen médical, interruption de sortie des détenus des établissements pénitentiaires par les juges d'instruction sauf dans les cas d'extrême nécessité, ainsi que l'interdiction pour les employés, eux-mêmes, d'entrer en contact avec les détenus sans moyens de protection ou de quitter le périmètre de l'établissement sans motif valable, sont autant de mesures spéciales, draconiennes, qui ne sont pas faites pour plaire aux concernés, certes, mais il n'y a pas place à la souplesse ou à la légèreté quand il s'agit de préserver cette population de toute contamination au coronavirus. Particulièrement dans un milieu carcéral surpeuplé, où la contamination d'un seul détenu provoquerait fatalement une catastrophe.

Si, par malheur, telle situation arrive à se produire, les détenus et leurs proches, ainsi que l'opinion en général, ne manqueraient pas de reprocher aux autorités compétentes leur

défaillance et leur manque d'anticipation dans la lutte contre ce virus. Déjà, l'intox propagée sur facebook, faisant état de la contamination de détenus au coronavirus, a provoqué une grande panique au sein des proches de détenus. Bien sûr, l'infox a été catégoriquement démentie par le ministère de la Justice, qui a rassuré qu'aucun cas de contamination au coronavirus n'a été enregistré dans l'ensemble des établissements pénitentiaires à travers tout le territoire national grâce, justement, aux mesures anticipatives prises et au maintien de l'état d'alerte. Mais, cela ne devrait pas exclure les autorités compétentes à atténuer cet isolement dans l'isolement en permettant aux détenus de prendre contact par téléphone avec leurs proches et les rassurer sur leur état de santé ou leurs avocats pour rassurer les uns et donner la latitude aux autres de livrer conseils ou d'expliquer à leurs mandants les décisions exceptionnelles qui marquent également l'appareil judiciaire. De telles initiatives prémuniraient les établissements pénitentiaires contre les actes désespérés, qui ont bien eu lieu sous d'autres cieux, et qui sont généralement provoqués par un état psychologique des détenus extrêmement insupportable.