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Un journal canadien l'affirme: Le transfert des devises de l'Algérie vers le Canada explose

par Moncef Wafi

En juin dernier, le député du Nouveau Parti démocratique Pierre-Luc Dusseault, alerté par un citoyen d'origine algérienne vivant dans sa circonscription de Sherbrooke, a écrit au ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, pour l'informer de la hausse de ces transferts provenant d'Algérie et pour l'inciter à la plus grande vigilance devant l'augmentation du montant des opérations financières de l'Algérie vers le Canada particulièrement vers l'Etat du Québec. Ces mouvements financiers sont majoritairement faits par d'ex-responsables qui se préparent à un exil imminent, écrit-il dans sa lettre. Dans sa correspondance, Pierre-Luc Dusseault a demandé au ministre des Finances de porter une attention particulière aux transferts internationaux vers le Canada en provenance de l'Algérie.

«En votre qualité de ministre des Finances, vous avez le devoir de veiller à l'intégrité du régime financier canadien et de lutter contre le blanchiment d'argent. Je vous demande donc aujourd'hui de porter une attention particulière aux transferts internationaux vers le Canada de sommes d'argent importantes en provenance de l'Algérie ou de ressortissants algériens». Le Devoir, quotidien d'information publié à Montréal, est revenu dans son édition d'hier sur le sujet en constatant que, depuis le début de l'année, les transferts de capitaux en provenance de l'Algérie sont en forte croissance par rapport aux années précédentes. Ainsi, entre janvier et juillet 2019, plus de 78,6 millions de dollars ont été envoyés au Canada depuis l'Algérie, selon des chiffres obtenus par le journal auprès du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada, qui surveille les télé-virements de fonds de plus de 10.000 dollars en provenance de l'étranger. Pour les sept premiers mois de l'année, il s'agit de 10 millions de plus que pour tout 2018, mais également d'une croissance de 50% des transferts par rapport à 2017. Cette année-là, 52 millions de dollars avaient été transférés au Canada depuis des institutions bancaires algériennes, précise la même source. Signe d'une certaine fébrilité, écrit Le Devoir, la valeur moyenne des transferts a également explosé en 2019 pour atteindre 405.195 dollars par transaction déclarée, contre 187.900 dollars et 157.857 dollars respectivement en 2018 et 2017. Ce qui confirme que ces transferts sont orchestrés principalement par les plus grosses fortunes du pays.

Le Québec est le principal point d'entrée de cet argent et la diaspora algérienne au Canada y est particulièrement bien établie, ajoute le journal. Les mouvements d'argent depuis l'Algérie sont également en croissance depuis le début de l'année vers d'autres pays, dont la France, la Belgique et la Suisse, où le blanchiment de ces sommes issues possiblement de la corruption passerait principalement par des transactions immobilières, précise le quotidien québécois.

Pour rappel, les autorités suisses ont décidé du gel à titre de précaution des avoirs illicites du clan Bouteflika en Suisse. En effet, suite à une requête de Me Lachemi Belhocine demandant l'application de la loi sur les valeurs patrimoniales (LVP), introduite auprès du Parlement suisse le 4 avril 2019, le gouvernement fédéral suisse a procédé au gel des avoirs du clan Bouteflika. En août dernier, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, a affirmé que la récupération de l'argent volé «constitue la pierre angulaire sur le plan national mais aussi mondial. La lutte contre ce phénomène ne peut atteindre ses objectifs qu'à travers la récupération des fonds volés», a-t-il dit. A ce propos, il a assuré qu'il est nécessaire d'approfondir les investigations préliminaires afin d'identifier les mis en cause et recenser leurs revenus criminels et les localiser afin de procéder au gel et saisie de ces biens en attendant les décisions de la justice. Il a indiqué que l'Algérie dispose des mécanismes juridiques nécessaires qui permettront la récupération de l'argent transféré illégalement et placé à l'étranger.