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Tlemcen: El Kissaria draine des dizaines de visiteurs

par Khaled Boumediene

De nombreux édifices et quartiers de Tlemcen sont pris d'assaut en cette période estivale par des émigrés et visiteurs des quatre coins du pays qui aiment flâner, se cultiver dans ses musées ou faire leurs emplettes dans la fraîcheur des rues de la vieille médina et les espaces ombragés de cette ville charmante au patrimoine historique et culturel incontournable.

De par sa situation exceptionnelle au cœur de Tlemcen, la citadelle d'El Mechouar, en face de la maison de la culture Abdelkader Alloula, est le point de départ idéal pour l'exploration et les escapades à travers le mausolée de Sidi-Boumediene, le minaret de Mansourah, les vestiges de Sidi Bellahcène, le grand bassin, le plateau de villégiature de Lalla Setti, la grande Mosquée du centre-ville et celles de Sidi-Brahim El Mesmoudi, Agadir, Sidi-Yacoub, Sidi-Daoud ainsi que la grotte de Béni-Add (Ain Fezza), qui font la richesse touristique et architecturale de Tlemcen.

Situé dans le centre historique de Tlemcen, ce joyau architectural d'El-Mechouar permet de découvrir à pied le palais royal zianide, ses différents décors (zellige, stucs et plâtres, bois, marbre, faïence, terre émaillée, inscriptions arabes.. etc.), fontaines en marbre et plafonds en bois sculptés ainsi que les façades décrépies des vieilles bâtisses de ce palais construit au Moyen-Âge par les rois Zianides. Il faut rappeler que le palais d'El Mechouar a été aménagé en poste militaire durant l'occupation française.

A une dizaine de mètres, la balade permet de découvrir au cœur de la vieille Médina, le quartier emblématique d'El Kissaria qui renferme de nombreux espaces commerciaux. D'abord, contrairement à d'autres quartiers du centre, El Kissaria a su conserver malgré les vicissitudes du temps (bâtisses en péril) ses commerçants et ses animations. Pour l'histoire, ce lieu très animé, fréquenté par des gens de toute provenance date de l'époque des Zianides. À l'époque, l'emplacement du quartier d'El Kissaria s'était imposé comme une évidence, car il abritait, selon des historiens, près de 2.000 commerces et ateliers d'artisans protégés par de hautes murailles percées de deux portes principales. Ce cœur battant de la ville dont le commerce rayonnait grâce aux marchandises transitant entre les ports chrétiens de la rive nord et ouest de la Méditerranée et ceux de la rive musulmane africaine, était semé de mosquées, d'églises et de couvents. A l'époque, tout Tlemcen descend à El Kissaria pour faire ses achats. Durant la période coloniale, un pan entier du quartier a été occupé par les militaires français puis totalement rasé à la fin du dix-neuvième siècle, là où se trouvent actuellement le marché couvert et le quartier d'El Medres.

Il faut rappeler aussi que la colonisation française a bouleversé moins la structure sociale de la ville qu'elle ne l'a fait dans la plupart des autres villes algériennes. En effet, non loin d'El Kissaria et de la place centrale (du 1er-Novembre 1954), qui abrite le grande Mosquée et le Musée d'art et d'histoire, la Medersa Tachfinia, édifiée au quatorzième siècle a été détruite durant les années 1870. Loin de l'asphyxie automobile du centre-ville, El Kissaria se distingue par ses commerces exiguës, chichement achalandés en plusieurs produits de tissage et étoffes à la couture tlemcénienne, joaillerie, tapis, articles ménagers, parfums, plantes médicinales, gâteaux traditionnels, arachides, chaussures et des vêtements pour femmes et hommes. Avec le temps, de nombreux anciens locaux ont été transformés en boutiques chics alliant authenticité et modernité avec un important legs du passé, pour suivre la mutation du centre-ville vers des activités ludiques, culturelles, artisanales spécifiques.

Derb Sidi Hamed, l'une des ruelles les plus animées de la Kissaria, attire la grande foule. De nombreuses familles jettent leur dévolu sur les habits traditionnels tlemcéniens, tels que la Chedda Tlemçania (classée patrimoine mondial par l'Unesco avec El Karakou, El Djess, le caftan et la fameuse Blouza).

Non loin de l'agitation de la Kissaria, le Musée d'art et d'histoire installé majestueusement en face de la grande Mosquée abrite une part non négligeable des vestiges du riche patrimoine de cette région dont une bonne partie remonte à l'époque zianide. Un grand engouement est également suscité dans cette institution culturelle qui expose sur la préhistoire de la région de Tlemcen, l'antique Pomaria et la fondation de la ville d'Agadir.