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L'opposition, une force de proposition ?

par Moncef Wafi

Les choses sérieuses commencent à se mettre en place du côté de l'opposition, elle qui est en train de converger vers une plateforme consensuelle à mettre sur la table des négociations. Que ce soit pour la société civile, dont la conférence nationale devra se tenir le samedi prochain et qui a trouvé, après un marathon de neuf heures de discussion, un compromis entre ses acteurs, ou l'autre conférence dite celle «d'entente nationale» qui aura lieu le 29 juin à l'initiative des «forces du changement pour le respect du choix du peuple» en vue d'une proposition de sortie de crise. Les deux initiatives ont pour objectif commun de sortir avec une feuille de route à soumettre au dialogue avec le pouvoir réel qui est aux commandes du pays.

Cette volonté de faire front commun, malgré tous les clivages politiques et idéologiques des participants, cherche à présenter un vis-à-vis d'envergure nationale qui soit accepté de tous et de barrer la route aux partisans de la chaise vide qui parient sur l'absence d'un minimum consensuel chez l'opposition pour entériner les propositions du pouvoir. L'opposition, avec tous les courants qui la traversent, ne peut pas se contenter de son aspect purement partisan, et l'apport de la société civile et des associations à différents caractères, sportif, religieux, artistique ou caritatif, ainsi que des personnalités nationales au-dessus de tout soupçon est plus que recommandé. Et c'est sur ce principe-là que les éléments du puzzle semblent vouloir s'imbriquer pour installer une véritable force de proposition qui pourra impacter sur cette volonté incompréhensible de maintenir Bedoui et Bensalah à leurs postes respectifs.

Du côté de cette opposition en marche, tout le monde s'accorde que le vrai pouvoir est entre les mains de l'institution militaire et le dialogue auquel appelle également Gaïd Salah ne pourra se tenir qu'avec lui. En dehors de cette option, le hirak rejette des négociations avec les anciens symboles du régime bouteflikien préférant s'en tenir au libre arbitre de la rue qui, vendredi après vendredi, mardi après mardi, appelle à la chute du système et au départ de la «bande». En attendant, le chef de l'Etat par intérim a signifié de nouveau une fin de non-recevoir aux revendications des Algériens en renouvelant sa confiance à son Premier ministre qui devra théoriquement conduire la prochaine présidentielle. Un dialogue de sourds est en train de prendre racine au détriment de l'avenir d'un pays que beaucoup espèrent voir prendre l'exemple soudanais.