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Le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab: «L'Etat ne reviendra pas sur la règle du 51/49»

par R. N.

  Le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, a évoqué, dans un entretien accordé, hier, à l'APS, les questions des investissements (actuels et futurs) et du partenariat dans le secteur, la révision de la loi sur les hydrocarbures, la sous-traitance, ainsi que les projets de Sonelgaz.

«Les projets en cours dans le domaine de l'énergie continuent de fonctionner normalement suivant les plans préalablement arrêtés et aucun désengagement de nos partenaires n'a été enregistré depuis le début de l'année 2019", a affirmé le ministre de l'Energie. Il a tout de même ajouté ne pas ignorer «une certaine inquiétude de la part des investisseurs présents en Algérie de par la situation politique, néanmoins, nous pouvons rassurer tout le monde, les données chiffrées sur les investissements dans le secteur des hydrocarbures durant la dernière décennie sont parlantes, avec une moyenne annuelle de plus de 12 milliards de dollars».

Selon lui, le montant des investissements dans le segment amont (exploration et production) «durant le dernier quinquennat (2013-2018) a été stable par rapport au quinquennat précédent (2008-2012) de près de 8 milliards de dollars par an». En termes de perspectives, globalement sur la période (2019-2023), il est prévu un investissement de «plus de 58 milliards dollars, à horizon 2023 pour le développement de l'activité hydrocarbures», a-t-il ajouté.

Le nombre de partenaires activant en Algérie dans les activités recherche et exploitation des hydrocarbures s'élève déjà à 26 entreprises issus de 18 pays, a-t-il fait savoir, ajoutant que le nombre de découvertes réalisées en «onshore» par Sonatrach, seule et en association avec des partenaires étrangers, s'élevaient à 30 découvertes par an en moyenne. En offshore, des travaux de prospection ont été récemment entamés à l'Est et l'Ouest du pays par Sonatrach en partenariat avec l'italien ENI et le français Total, a-t-il rappelé.

Le ministre a également démenti «formellement» les rumeurs faisant état de «l'approvisionnement gratuit» de la France en gaz algérien, affirmant que ne «pas concevoir qu'on puisse penser que l'Algérie, pays souverain, puisse approvisionner un tiers en gaz algérien gratuitement».

Faire face à la «tendance baissière»

Le ministre de l'Energie a également évoqué le projet de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui «a été finalisé selon les orientations du Conseil interministériel» et «remis aux différents départements ministériels pour d'éventuels enrichissements». «Nous avons travaillé sur une mouture et nous l'avons soumise à l'examen et à l'appréciation du Conseil interministériel. Les travaux du groupe de travail que nous avons mis en place ont duré toute l'année 2018 et ont couvert les aspects institutionnel, contractuel, fiscal et environnemental», a-t-il précisé. Sur les raisons ayant motivé l'élaboration d'une nouvelle loi sur les hydrocarbures, M. Arkab a évoqué la tendance baissière des réserves du pays malgré le nombre de découvertes réalisées, l'importante croissance de la demande intérieure et pour le gaz et pour les carburants, ainsi que les taux de croissance ayant dépassé le 7% annuellement. La nouvelle loi ambitionne aussi de faire face au «ralentissement enregistré dans la conclusion de nouveaux contrats de recherche et d'exploitation dans le cadre du partenariat, ainsi que la tendance baissière des marchés pétroliers au cours des dernières années».

Pour M. Arkab, le partenariat demeure un axe stratégique et privilégié pour augmenter l'effort d'exploration et par voie de conséquence d'augmenter les réserves du pays afin d'assurer la sécurité énergétique à long terme et continuer à assurer les revenus nécessaires au développement économique et social du pays. «Notre objectif est donc de restaurer l'attractivité de notre domaine minier, augmenter la production et d'attirer des investissements directs étrangers dans le secteur des hydrocarbures sans, aucunement, menacer la souveraineté nationale», a-t-il expliqué.

Par ailleurs, il a précisé que l'Etat ne reviendra pas sur la règle du 51/49. «Les amendements nous permettront toutefois d'améliorer les conditions d'investissement aux plans juridique, institutionnel et fiscal», a-t-il affirmé.

Rôle de Sonelgaz et Sonatrach dans le développement de la sous-traitance

Dans le même entretien, le ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, a affirmé que les groupes Sonatrach et Sonelgaz ont contribué «concrètement», en tant que donneurs d'ordres, au développement de la sous-traitance locale et à l'intégration nationale dans leurs domaines d'activités respectifs. M. Arkab a tenu à préciser que Sonatrach a «de tout temps privilégié le recours à la promotion de l'outil national de production» via une procédure qui consiste à «privilégier le lancement de l'appel d'offres national et ne recourir à l'appel d'offres international qu'exceptionnellement et à condition que le marché national n'y répond pas».

Elle consiste aussi à «ne faire aucune distinction entre les entreprises privées et publiques et le recours directement en gré à gré aux entreprises algériennes dans le cadre de la promotion de l'outil national de production, ainsi que à l'obligation d'allotissement des marchés» pour profiter à un plus grand nombre d'entreprises locales possible. Il est question aussi «d'exigence d'une sous-traitance locale dans les projets de développement», a ajouté le ministre, précisant qu' «une liste d'entreprises algériennes figure, comme annexe, dans chaque projet de développement, particulièrement pour les segments construction».

Sonelgaz : un taux d'intégration de 70 à 80% en 2025

Concernant Sonelgaz, M. Arkab a indiqué que le groupe et ses filiales avaient entamé un processus d'intégration nationale et d'encouragement de la sous-traitance nationale à partir du milieu des années 2000, afin de contribuer à développer les capacités nationales et encourager les entreprises publiques et privées. A ce titre, les projets «clé en main» ont été abandonnés progressivement et les entreprises locales encouragées à prendre en charge la réalisation de certains types d'infrastructures, a-t-il précisé. Selon lui, «la quasi-totalité des ouvrages de distribution de l'électricité et du gaz est réalisée par des entreprises algériennes». «Plus de 300 entreprises spécialisées dans ce domaine ont émergé grâce aux plans de charge assurés par l'activité de distribution», s'est-il félicité. La majorité du programme de réalisation dans les segments du transport de l'électricité notamment les lignes électriques est réalisée par des entreprises algériennes. Sonelgaz compte à travers cette stratégie stimuler les activités de la sous-traitance nationale pour atteindre un taux d'intégration oscillant entre 70 et 80% à l'horizon 2025 et à terme satisfaire ses besoins et se substituer à l'importation, notamment en terme de fabrication des matériels destinés aux lignes de transport d'électricité.