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Un B tombe, et puis après ?

par Mohamed Salah

Il est le premier des 4 B à tomber. La démission de Belaïz de la tête du Conseil constitutionnel est pourtant vécue comme un juste retour des choses et son départ sonne somme toute comme un non-événement comparé au vaste chantier qui attend l'Algérie et les Algériens. Vigilante, la rue attend, dans l'expectative, ce que les prochaines heures vont apporter avec elles, faisant comprendre par là que tant que le système ne s'effondre pas dans sa totalité, elle restera mobilisée dans sa dynamique contestataire. Le départ des 4 B semble n'être qu'une étape dans le processus de libération et de réappropriation du pays et n'est nullement une fin en soi qui peut contenter le hirak, après neuf semaines de contestation.

La démission de Belaïz peut-elle pour autant signifier la fin du régime qui active de derrière les rideaux ? On ne peut pas dissocier les derniers faits qui se sont succédé avec comme point d'orgue la répression policière des manifestants pacifiques lors de la marche du vendredi 12 avril à Alger et qui témoignent d'une feuille de route bien établie avec des objectifs à atteindre pour discréditer le mouvement et l'affaiblir en l'attaquant sur l'une de ses armes essentielles : le pacifisme. L'entrée en action de forces spéciales, la répression brutale des policiers, l'irruption des fameux «baltaguias», l'implication de chaînes de télévision privées dans le détournement d'images et la manipulation d'informations ont été savamment orchestrées pour frapper au cœur le mouvement. Tout un arsenal d'intimidation des forces de l'ordre qui ont certainement reçu leurs ordres de quelques parties qui ont tout intérêt que la rue s'essouffle et finit par rentrer chez elle.

Plus que jamais, on assiste à une véritable guerre des tranchées entre l'état-major de l'armée et le reste du clan Bouteflika, avec au centre un peuple qui n'a que le courage de ses convictions et la détermination de voir les choses évoluer. Chaque partie utilise les armes à disposition et si le régime excelle dans la manipulation et la répression, Gaïd Salah exhibe les dossiers de corruption, appelant la justice à accélérer le processus des poursuites judiciaires.