Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Un gouvernement handicapé

par Moncef Wafi

Le quotidien du gouvernement Bedoui se suit et se ressemble. De Bechar ou de Tébessa, ses ministres ont été chahutés ces dernières heures par une population qui rejette tout représentant d'un système honni. Formé durant les dernières heures de Bouteflika, le gouvernement Bedoui partait déjà handicapé et par sa qualité de «transition» et par la difficulté de réunir des personnalités de premier plan pour former un gouvernement de compétences qui aurait pu donner un peu plus de crédit à cette démarche. La désignation même de l'ex-ministre de l'Intérieur à la tête de l'exécutif ainsi que la création même d'un poste inédit de vice-Premier ministre attribué à l'éphémère ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra achevaient de discréditer l'action prêtée à la présidence.

Pressée par le temps, l'Algérie post-Bouteflika a hérité d'un gouvernement pour le moins qu'on puisse dire aussi surprenant qu'inquiétant vu les anciens et nouveaux profils censés diriger la transition. Des ministres décriés par la gestion de leurs dossiers, d'autres illustres inconnus à l'expérience et aux bagages peu convaincants ainsi que beaucoup de promotions internes. Mais le plus inquiétant, c'est que les ministres, en poste pour moins de trois mois, se comportent comme s'ils sont là pour encore longtemps alors qu'ils devaient se contenter de gérer les affaires courantes au niveau de leurs départements. Leurs sorties sur terrain ne sont finalement qu'une épreuve de force imposée à la rue pour marquer les surfaces et les esprits.

Somme toute, ce qui s'est passé à Bechar et Tébessa n'est que le remake, à petite échelle, de ce qui se passe les vendredis sur tout le territoire national et exprime le rejet définitif des Algériens de toute forme de transition avec des hommes représentatifs du clan d'El Mouradia.

Pourtant, et si rien ne vient changer le cours «constitutionnel» des choses, c'est ce gouvernement Bedoui qui aura la tâche de préparer les élections présidentielles du 4 juillet et d'en assurer la transparence et c'est là où réside tout le problème. Le Premier ministre est constamment décrié sur la gestion des dernières élections étant accusé d'être l'artisan du code électoral qui a permis la fraude aux législatives et aux locales. Si le gouvernement Bedoui est maintenu en fonction pour mener les élections, il est fort à parier qu'aucun candidat sérieux, en dehors des lièvres de service, ne se présentera pour la course à El Mouradia.