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Une troisième voie est-elle possible ?

par Moncef Wafi

Le pays donne l'impression de reléguer au second plan toute activité sociale ou économique qui ne se rapporte pas à une actualité nationale qui se retrouve coincée entre la détermination populaire à faire tomber le régime en place et la volonté des décideurs d'aller aux élections dans une lecture stricto sensu de l'article 102. En effet, rien ne semble présager une troisième voie qui viendrait à décanter la situation et toutes les actions de protestation accueillies par l'intervention des forces de l'ordre confirment cette situation d'impasse. Le pays est entré dans une logique d'action-réaction avec des convictions propres à chaque partie qui impliquent une confrontation de plus en plus frontale au fur et à mesure que la date décidée pour la prochaine présidentielle approche.

Si le peuple ne fait que demander l'application des articles 7 et 8 de la Constitution, comme il a été convenu d'avance, ceux d'en face se réfugient derrière la loi, essayant de gagner du temps jusqu'au Ramadhan, mois particulier dans le pays qui pourrait influer sur la dynamique du hirak. Entre-temps, les syndicalistes et les magistrats ont manifesté, hier, pour exiger le départ des tenants du pouvoir. Bedoui et ses ministres ont été fortement chahutés à Béchar et les appels à investir la rue, chaque jour, sont fortement relayés sur les réseaux sociaux. Une reprise des slogans scandés ces huit dernières semaines, des slogans qui n'ont pas encore été entendus puisque pratiquement rien n'a changé. Tous les profils et les noms honnis par le peuple et considérés comme responsables de la faillite du pays sont toujours à leur poste ou rarement inquiétés ce qui, aux yeux des Algériens, est synonyme de caution pour la continuité du régime tel qu'il a toujours été.

Pourtant, une troisième voie peut être envisagée, puisqu'elle est envisageable, et ne peut se concrétiser que si un premier pas est fait en direction de la majorité. Une majorité qui se reconnaît dans le mouvement du 22 février et qui veut pour tout préalable le départ des 4 B tout en restant dans la légalité conférée par la Constitution. Cet obstacle franchi, il est aisé de passer à une autre étape transitoire qui réunira un ou des hommes consensuels qui ne présentent pas forcément un CV de politicien professionnel et ne traînent pas des casseroles trop bruyantes. La solution existe ainsi que les hommes capables de sortir le pays de l'impasse, le tout est de savoir si on a la volonté du changement pour en finir avec le système, si on n'est pas déjà partie prenante de ce même système.