Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Réquisitoire d'un des fondateurs de l'association des concessionnaires: Le montage automobile est un échec

par Yazid Alilat

  La gestion de l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, du dossier du montage de véhicules en Algérie a été dénoncée, hier lundi, sur les ondes de la radio nationale par un des membres fondateurs de l'association des concessionnaires automobiles (AC2A), Abderahmane Achaibou. Il a dénoncé la «stratégie du montage automobile», imposée par «un cahier des charges non signé et non publié de 7 pages». Le montage automobile «n'est pas rentable». Il a expliqué que «les experts se sont exprimés sur le montage de véhicules en Algérie». Pour M. Achaïbou, «les prix du véhicule sont très prohibitifs, alors que pour le Trésor public, il y a un manque à gagner de 40%». Selon les chiffres communiqués par M. Achaïbou, à fin 2018 la facture des importations de véhicules en SKD/CKD (véhicules en kits) s'est établie à 3,7 milliards de dollars pour 180.000 véhicules montés. «Avec la même somme, on aurait pu importer 300.000 véhicules et garder les 100.000 emplois perdus», explique-t-il en soulignant que le montage automobile n'emploie que 10.000 personnes. «C'est un échec total. On aurait pu bénéficier de 1,5 milliard de dollars qui ne rentrent pas au Trésor». M. Achaïbou dit «parler en tant que quelqu'un qui a été exclu de manière arbitraire par Bouchouareb de la liste des constructeurs de véhicules.

Je suis le doyen dans le secteur automobile, j'employais plus de 1700 travailleurs. Aujourd'hui, le groupe n'a que 500 employés pour la maintenance». Il explique par ailleurs que le montage de véhicules en SKD/CKD, une politique industrielle imposée par l'ex-ministre Bouchouraeb, «n'est pas rentable parce que le véhicule est monté par le constructeur, puis démonté, et remonté pour arriver en Algérie. Cela a un coût, car il y a des sociétés spécialisées pour faire ce travail». «Le véhicule sort de l'usine pour aller vers le démontage puis expédié en Algérie. On ne peut pas faire du SKD et CKD en quelques mois», détaille M. Achaïbou.

Quant au cahier des charges de 2015, il a été amendé deux mois après sa confection, et «ce cahier des charges n'a jamais été fait avec l'association des constructeurs automobiles», souligne-t-il. «Nous étions contre ce que faisait l'ex-ministre de l'Industrie, Bouchouareb. Et quand le cahier des charges a été amendé, toutes les importations de véhicules ont été bloquées». Selon M. Achaïbou, «il y a eu de la précipitation dans l'application d'un cahier des charges de 7 pages, car le vrai cahier des charges a été fait en 2017». Pour lui, le SKD/CKD «n'est pas rentable, et le véhicule coûte 40% plus cher». Il estime que «cette politique de l'industrie automobile est un échec total avec le désordre au ministère de l'Industrie» du temps de Bouchouareb.

Ce cahier des charges de 7 pages a été fait «en catimini et a permis aux Tahkout et autres de faire du montage automobile», accuse-t-il avant de rappeler que l'éphémère ministre de l'Industrie, Mahdjoub Beda, qui avait succédé à Bouchouareb, avait estimé que le montage automobile pratiqué en Algérie est «de l'importation déguisée».

Selon un bilan des douanes communiqué au mois de février dernier, la facture d'importation des collections CKD destinées à l'industrie de montage des véhicules de tourisme s'est établie en 2018 à 3 milliards de dollars contre 1,67 milliard de dollars en 2017. Quant à la production de véhicules montés localement, elle s'est établie à la même période à 180.000 véhicules contre 110.000 en 2017, en plus de la production de 4.500 véhicules industriels.