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Le défi à relever

par Kharroubi Habib

Les Algériens ont été certes moins nombreux que vendredi passé à descendre dans la rue hier en réponse à l'appel à manifester en ce jour symbolique du 24 février lancé par Mouatana. Ce qui n'induit nullement que la colère populaire contre le surréaliste cinquième mandat est retombée et que les citoyens après avoir exprimé leur rejet de ce projet insensé vont se contenter de regarder faire le pouvoir et sa clientèle. Mouatana n'est pas parvenue à mobiliser parce que à tort ou à raison elle est perçue comme étant dans une stratégie de récupération du mouvement de protestation contre le cinquième mandat. Or ce qui a distingué les marches et rassemblements imposants du vendredi 22 février a été que leurs participants ont eu manifestement à cœur la volonté de s'émanciper de toute tutelle qu'elle soit partisane ou doctrinale.

Ce qui va faire redescendre les citoyens dans la rue et encore plus massivement que vendredi dernier ce sont les signaux émis par le pouvoir et sa clientèle au lendemain de cette journée. Lesquels exprimant une arrogante fin de non-recevoir de la revendication populaire d'abandon du projet de cinquième mandat font l'effet d'un défi que les Algériens désormais désinhibés de la peur de la répression et du chantage au chaos sont déterminés à relever. Le premier de ces signaux est venu du chef en titre du FLN qui a clairement exprimé l'intention du camp du pouvoir à s'en tenir à aller à l'élection présidentielle et à la reconduction de Bouteflika pour un cinquième mandat. Bouteflika qui s'est d'ailleurs fendu d'un message lu en son nom par Noureddine Bedoui devant les participants aux cérémonies commémoratives du 24 Février duquel il transparaît qu'il serait toujours candidat pour assurer la continuité du système et du pouvoir.

Au stade où en est la contestation populaire du régime, les tenants de celui-ci ne semblent pas aussi ébranlés que l'ont donné à comprendre les spéculations ayant été faites sur ce qui se passerait dans les cercles de ses décideurs. Pour qu'ils le soient il faut que la pression citoyenne ne se relâche pas et s'inscrive dans la durée, mais en s'exprimant toujours pacifiquement et sans prêter le flanc à la manipulation ou à la récupération. L'extraordinaire maturité qui a présidé aux démonstrations anti-cinquième mandat et de rejet du pouvoir en place putréfié est en mesure de donner du sens à l'image d'une Algérie, réel pays du « miracle ».