Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Silence, on tergiverse

par Mohamed Salah

Le discours galvaniseur des foules du SG de l'UGTA, à partir du port d'Oran, appelant à un cinquième mandat semble ne plus passer alors que l'heure est à la retenue. Fidèle à sa ligne de conduite, Sidi Saïd a de nouveau fait allégeance à Bouteflika, affirmant qu'il est le seul et unique candidat de tous les Algériens, les travailleurs en tête de pont. Pourtant, son message est resté sans écho officiel, puisque même la très officielle Algérie Presse Service (APS) n'a pas cru bon de relayer l'événement, ne voulant certainement pas d'un autre scénario à la Ould Abbès. Une attitude qui laisse perplexe et vient, pour ainsi dire, étayer les dernières informations circulant qui veulent que la question élective soit éludée sinon tue.

La tendance actuelle est plutôt au profil bas et les partisans d'un cinquième mandat, partagés entre chefs de partis de l'alliance ou présidents d'organisations satellitaires, ne se font plus entendre bruyamment sur cette question. Faut-il se convaincre d'une direction qui commence à se dessiner pour 2019 ? L'extrapolation la plus fictionnelle serait que le scrutin soit reporté sine die comme le demandent certains sinon comment expliquer qu'on fasse l'impasse sur l'un des plus fervents supporteurs de Bouteflika. La consigne officielle qui se dégage, à première vue, semble se diriger vers un black-out sur les informations concernant ce rendez-vous et quoi de mieux que de l'ignorer même s'il est porté par un homme du sérail.

Cette supposition, si elle venait à se confirmer, suppose l'émergence d'un plan B qui suppléerait au report de l'élection. Les partis de l'opposition, toutes chapelles confondues, se sont dits prêts à s'interposer contre toute velléité de toucher à la Constitution pour justifier toute action à venir. De là, il faut supposer que plusieurs scénarios sont échafaudés mais il est de plus en plus improbable que l'élection présidentielle se déroule en avril prochain. En haut lieu, on ne cherche pas à faire des vagues et le sort de Sidi Saïd pourrait être scellé tout comme l'a été celui du SG du FLN sortant qui a fait les frais de son empressement à annoncer une candidature alors qu'il n'en a pas été mandaté. Face à ce silence pesant qui s'installe, propulsant le pays dans l'inconnu en l'absence de certitudes, seules les suppositions et les lectures, parfois maladroites, ont droit de parole.