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ANALYSE - Un système et un jeu rationnel

par Adjal Lahouari

Même dans ses souhaits les plus fous, Djamel Belmadi n'aurait imaginé une telle entrée en matière: 3 à 0 à la demi-heure du match. Qui l'aurait imaginé ? Et pourtant, l'équipe nationale avait bel et bien inscrit trois buts de belle facture. Il faut dire que les combinaisons de l'équipe algérienne sous la baguette du stratège Belaïli étaient annonciatrices de ces réalisations. Comme il l'avait indiqué, Leroy a opté pour une défense avancée, misant sur le hors-jeu. Or, si ce piège a fonctionné parfois, le talent individuel des Mahrez, à deux reprises, et l'audacieux défenseur Attal, a pris en défaut les défenseurs togolais.

Djamel Belmadi sautait de joie au bord de la touche, lui qui, ces dernières semaines, a dû passer des nuits blanches à propos de ce match contre le Togo. Il a eu à faire face aux défections suite à des blessures, sans oublier celle du portier M'Bolhi heureusement rétabli. Il s'est résolu à brouiller les pistes lors de la séance entraînement. Ce choc contre un Togo, le sélectionneur national tenait absolument à le remporter. D'abord, en raison du bénéfice essentiel que demeure la qualification automatique, ensuite pour les retombées bénéfiques sur une équipe nationale sevrée de victoires à l'extérieur depuis près de trois années.

Avant le match, Belmadi a dû pas mal cogiter et cela se comprend. Fallait-il opter pour l'offensive dès le coup d'envoi pour prendre une sérieuse option, quitte à prendre des risques en défense ?

Ou alors allait-il opter pour une organisation rigoureuse pour contrer des Togolais poussés par leur public et opérer par contre sous la baguette du trio Belaïli-Mahrez-Bounedjah ? En outre, il devait tenir compte de la tactique avouée de Claude Leroy qui a déclaré « vouloir défendre haut et orchestrer des attaques dans le camp algérien ».

Les réponses à ces questions ne se sont pas fait attendre, avec cette équipe nationale reprise en mains par un sélectionneur, convaincu des potentialités des ses protégés à qui il a transmis sa légitime et logique ambition, à savoir gagner en déplacement en développant un jeu collectif où la technique et le jeu rationnel sont primordiaux. En somme, un « jeu à l'algérienne » comme on l'aime et qui convient si bien aux qualités intrinsèques des Verts.

En seconde période, les Fennecs auraient pu éviter le but togolais avec un minimum d'attention sur le corner. Ce qui est rassurant, c'est que les Fennecs ont fait preuve de volonté et d'engagement, les deux principales exigences de Belmadi. A plusieurs reprises, ils ont failli ajouter d'autres buts, toujours un jeu rationnel et réussirent même à ajouter un quatrième but sur un exploit personnel de Bounedjah. On peut dire que, cette fois, l'équipe d'Algérie a évolué avec un système cohérent en parfaite adéquation avec les capacités des capés algériens. C'est à nos yeux le principal enseignement de ce match référence.

Certes, le Togo ne figure pas parmi les meilleurs du continent africain, mais il serait mal venu de faire la fine bouche après la lancinante traversés du désert. Car cette victoire, avec la manière, devrait être le véritable retour de l'équipe d'Algérie dans le concert africain, ce qui demeure le premier objectif de Belmadi avant de viser d'autres objectifs plus ambitieux.