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Décès de Brahim (Ahmed) Brahimi : adieu l'ami !

par Belkacem Ahcene-Djaballah*

Brahim Brahimi, Ahmed pour les amis et les proches est décédé dans la nuit du samedi au dimanche 23 septembre 2018. Né en 1946 à Bir Ghebalou (Bouira), il a fait partie de la seconde promotion (langue française) de la première Ecole nationale supérieure de journalisme de l'Université d'Alger (rue Jacques Cartier), en compagnie d'une bande inoubliable (Talmat Amor-Ali, Kheirredine Ameyar, Abdou B, Ainouz Rachid....) , côtoyant, dans des locaux exigüs et insalubres mais favorisant la convivialité et la fraternité, la première promotion de langue arabe (Guettaf, Bouakba, Zehani, Ayache, Hassan Said.....). Déjà, il était connu pour son franc-parler, en matière de politique, et en matière de communication.

C'est, pour cela , certainement que, devenu (après un court passage à la Chaîne 3 et des études post-universitaires à l'Institut français de la Presse ( Paris II), ce qui lui avait permis de décrocher, en 1975, un doctorat en Sciences de l'Information puis un autre, en 1987, en Sciences politiques), enseignant universitaire, il s'est imposé, assez vite, comme un acteur apprécié et recherché (surtout par les journalistes, tant il en avait formé... et dirigé, dans le cadre de leurs travaux de fin d'études.... et, aussi, par les universités étrangères ) du paysage médiatique national.... tout particulièrement dans le domaine du « Droit de l'Information » (sa spécialité dont il fut le promoteur, par le biais d'un cours magistral, à l'Université algérienne ), et un défenseur impénitent des droits de l'Homme (il fut le premier à aborder la problématique du « Droit à la communication ») . Enseignant universitaire à l'ISIC (ex-ENSJ) puis à l'ISPI (Information et Sciences politiques réunies) de manière continue, chercheur, il a, à son actif, une expérience de plus de quarante années ?. ainsi que plusieurs ouvrages (et études).

En 2009, il est le fondateur et le (premier) directeur de la nouvelle Ecole nationale supérieure du Journalisme et des Sciences de l'Information (ENSJSI), de Ben Aknoun/Alger, une « Ecole hors Université » formant des journalistes spécialisés de niveau master et doctorat... et ce, jusqu'à sa retraite il y a deux ans.

Son dernier-né , un recueil d'études sur « Le pouvoir, la presse et les droits de l'Homme en Algérie », édité en 2012 à l'ENAG, ( après « Le pouvoir, la presse et les intellectuels » édité à L'Harmattan, Paris 1989, qui avait fait alors grand bruit, et « Le Droit à l'Information à l'épreuve du Parti unique et de l'état d'urgence » édité en 2002 à Saec-Liberté / Alger , celui-ci plusieurs fois ré-édités) - consacré surtout à la période 1989-1995- s'est intéressé de très près aux relations (toujours mouvementées) du Pouvoir (au sens large du terme d'autant que ce dernier a « glissé » - réalité ou illusion ?- du militaire au politique? avec des incursions et des invasions dans l'Economique et le Commercial), avec la presse et des relations de ceux-ci avec la défense (ou l'étouffement ) des droits de l'Homme.

Une première partie (65-88) rappelle les blocages du parti unique, les pratiques autoritaires et bureaucratiques. La seconde (88-91), « assez exceptionnelle », revient sur l'émergence de la société civile et l'apprentisage difficile de la démocratie après les évènements d'Octobre 88.

Enfin, la troisième partie (92-95), « également exceptionnelle », est consacrée à l'analyse des rapports entre le pouvoir, la presse et les droits de l'Homme, marqués par la violence et le terrorisme.

Pour ma part, ce fut un compagnon de route inestimable (lors des cours de magister en binôme à l'ISPI, des cours de formation au bénéfice d'entreprises de presse, d'études spécifiques.......) et ses idées bien arrêtées sur bien des points, ne firent que m'enrichir et améliorer les réflexions. Il fut, aussi, longtemps, président du « Prix de Journalisme Abdelhamid Benzine ».

A son épouse et à ses enfants, et à toute sa famille, mes sincères condoléances.

*Ancien Pr associé à l'ENSJSI