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La question d'Idleb au cœur des entretiens du sommet tripartite en Iran

par Kharroubi Habib

Le sommet tripartite sur la Syrie qui réunira en Iran le 7 septembre prochain Rohani, Erdogan et Poutine sera probablement dominé par la question de la province d'Idleb contre laquelle l'armée syrienne s'apprêterait à lancer une offensive d'envergure pour la reprendre aux groupes rebelles jihado-terroristes qui en ont le contrôle. L'offensive projetée constitue en effet une pomme de discorde entre les trois parrains du processus d'Astana. Autant Poutine et Rohani soutiennent et appuieront certainement le pouvoir de Damas dans son projet de mettre fin à la situation qui prévaut dans cette province, autant Erdogan s'est déclaré fermement opposé à l'entreprise quitte, a-t-il menacé, à faire intervenir l'armée turque.

Les trois chefs d'Etat qui sont les parrains du processus d'Astana et sont en train de tisser un partenariat qui se densifie au fur et à mesure que leurs intérêts économiques et géopolitiques ont une trajectoire convergente, vont tenter de s'entendre sur un compromis qui dissipera le climat de méfiance réciproque qu'alimentent les divergences de leurs pays sur le dossier syrien et tout particulièrement sur la question du devenir de la province d'Idleb. Les accords d'Astana ont fait de la province d'Idleb une zone de désengagement où la Turquie est censée veiller au respect du cessez-le-feu qu'il a été convenu à Astana d'instaurer dans ce type de zones.

Dans cette province où Ankara a implanté des postes d'observation et même déployé des forces militaires, le groupe jihado-terroriste El Nosra qui quoi que l'on dise est toujours affilié à El Qaïda est en réalité la force dominante qui impose sa loi aux autres. Les rebelles soutenus par Ankara ne sont de ce fait que les auxiliaires de ce groupe jihado-terroriste qui refuse de s'intégrer au processus d'Astana dont la Turquie est le co-parrain et de respecter le cessez-le-feu qui en conditionne l'application. Ce pourquoi alors l'on assiste au fait que le calme sur le front militaire qui s'est instauré en Syrie sur pratiquement l'ensemble du territoire n'a pu l'être autour de la province d'Idleb d'où El Nosra multiplie les attaques et opérations de harcèlement contre les positions des forces gouvernementales et de leurs alliés dans les provinces limitrophes sous leur contrôle. C'est même de la province d'Idleb qu'ont été envoyés les dizaines de drones armés ayant visé la base aérienne russe de Hmeimin. Une menace considérée par Moscou comme inacceptable et qui a dû probablement peser dans la décision russo-syrienne d'aller déloger El Nosra et ses supplétifs aux sigles variés de leur fief d'Idleb.

Pour des considérations qui lui sont spécifiques, Ankara n'a pas exécuté l'engagement turc pris à Astana d'obtenir des rebelles qui ont son soutien dans la province de se démarquer d'El Nosra et autres groupes terroristes. Il faudra aux Turcs entreprendre des actions tangibles à l'encontre de ces groupes terroristes pour convaincre Poutine, Rohani et Damas qu'ils ne sont pas dans le double jeu sur le dossier syrien qui est la sinistre stratégie que les Occidentaux poursuivent à leur égard pour ce qui a trait à celui-ci et leur fait parler de rébellion «modérée» alors qu'ils instrumentalisent des supplétifs qu'eux-mêmes ont classés comme terroristes.