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Dégradation des prestations et manque de respect à la clientèle: Des touristes algériens humiliés en Tunisie

par A. Ouélaa / A. Zerzouri

Décidément, les mésaventures vécues par les touristes algériens, en Tunisie, continuent à meubler la saison estivale. Après l'expulsion de touristes algériens de leur hôtel, en pleine nuit, d'autres Algériens apportent des témoignages plus choquants, à propos de leurs séjours, en Tunisie, notamment sur les plans des conditions déplorables d'hébergement et de restauration. Tel le cas de l' hôtel ?Vendôme El Ksar', à Sousse, qui a vécu des moments d'extrême agitation, vers 20h de la nuit du mercredi au jeudi 9 août. Une soixantaine de personnes, des hommes, des femmes et des jeunes ont manifesté leur colère contre la qualité de la restauration de cet Hôtel 4 étoiles. Les clients de cet hôtel, venus de différentes régions d'Algérie, ont exprimé leur mécontentement, en vidant les assiettes de leur contenu, jeté à même le sol, refusant de consommer «cette nourriture, sans goût ni qualité», qualifiée d'«infecte», «à l'origine de nombreux cas de toxi-infection». Pâtes multiples, courgettes farcies au riz, du riz, pomme de terre sautée ou ragoût, presque pas de viande, des viandes blanches douteuses, des pastèques, quotidiennement, comme dessert, des melons non sucrés, voilà de quoi se constituaient les mets de la restauration dans cet hôtel, selon les clients contestataires. Un médecin, parmi les clients, affirme que son père, dès le premier jour de son arrivée à l'hôtel, soit le samedi 4 août, a été victime d'une intoxication, signalée à la réception et aux cuisiniers. Souffrant de fièvre, frissons, diarrhées et vomissements, le patient pensionnaire de cet hôtel a eu droit à un traitement d'attaque, avec les médicaments nécessaires, achetés auprès d'une pharmacie, se trouvant non loin de cet hôtel.

Les uns et les autres, frustrés au plus haut point diront aux agents de sécurité qui cherchaient à calmer les esprits qu'ils n'ont pas payé des prix faramineux pour de piètres prestations dans cet hôtel ou la nuitée en ?all inclusive' coûte en moyenne un million de centimes, soit 150 DT.

Un gérant d'entreprise, venu de Skikda lancera, à l'intention de policiers en civil venus le calmer que cet hôtel est «Le bas du bas» et que son pareil n'existe pas. Ce père de deux enfants est entré, dans une colère rouge, et après avoir déchiré le bracelet de l'hôtel, il a appelé l'agence de voyages pour changer d'hôtel. Les langues se sont ensuite déliées pour dénoncer les prestations, pas du tout à la hauteur de son classement. Des chambres dont les ampoules sont grillées qu'une dame venue de Marseille a proposé de remplacer à ses frais. Les longues attentes pour disposer de sa chambre. Un père de famille, qui s'est vu confier un bungalow, sans eau, nous a déclaré qu'il a roulé depuis 5h du matin et après son arrivée à cet hôtel, vers 23h, le préposé à la réception lui a demandé de patienter un peu. «Mais, on est venu passer des vacances, pour se reposer et voilà que vous ne pouvez même pas prendre une douche!», s'est exclamé ce cadre d'Etat, venu de Blida.

Des vidéos et de nombreuses photos ont été prises de cette scène qui a vu de nombreuses femmes crier de toutes leurs forces, leur désarroi dans ce pays qu'elles n'ont, pourtant, jamais fui, même aux pires moments du terrorisme et que c'est un peu grâce aux Algériens que le tourisme a pu résister à une faillite totale. Maintenant que le secteur connaît une certaine relance, avec le retour progressif des Européens, qui sont choyés et font l'objet d'une attention particulière, les Algériens sont devenus, eux, des touristes de seconde classe. En ce sens, diront les uns et les autres, pourquoi ces Européens ont droit au goûter et pas nos enfants, vers 16h ?

Une dame qui a perdu son portable dira qu'en signalant le fait à la réception, il n'y a pas eu de réaction sérieuse, contrairement à une Suissesse qui a égaré une bague, sonnant presque une alerte générale, avec plusieurs agents qui se sont mis en branle pour retrouver cette bague.

Le Directeur de cet hôtel est venu en personne s'enquérir de la situation. Mais, après avoir écouté les plaintes des clients sur ce qui n'allait pas dans cet hôtel, il a déclaré sur un air empreint d'un calme olympien que cette agitation est l'œuvre de trois ou quatre personnes, et qu'il n'y a pas de problèmes avec les autres clients des autres nationalités. «Celui qui n'est pas content, n'a qu'à changer d'hôtel», leur a-t-il balancé à la figure, à la limite de l'humiliation.

Pour sa part, la chargée des relations publiques auprès de cet hôtel, à sa manière, a cherché à défendre les cas d'intoxications, les imputant au long voyage et autres anomalies prétextant les contrôles et les plats témoins. Les contestataires disent, eux, qu'il ne s'agit, nullement, de cas isolés.

De l'ingratitude, du mépris, voilà ce que ces Algériens ont voulu dénoncer, demandant, simplement, du respect, pas plus. Enfin, il est utile de rappeler que de nombreux Algériens ont promis de ne plus remettre les pieds en Tunisie, où les prestations ne sont plus ce qu'elles étaient, y compris pour ces Européens qu'on tente de «mettre sur la tête» mais qui expriment leur contrariété au bout de leurs séjours.

Le tourisme en Tunisie a connu une régression depuis la crise qui a suivi les attentats terroristes, ces dernières années. De nombreux professionnels ont changé de métier, par contrainte, et de nouveaux travailleurs, manquant d'expérience, et sans le savoir-faire des spécialistes qui ont fait la réputation du tourisme en Tunisie, ont pris le relais. Résultat, à part la nature sublime, la prestation touristique s'est dégradée d'une manière lamentable.