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Où va le pays ?

par Hamid Dahmani

Décidément, on n'arrêtera jamais de remuer le couteau dans la plaie dans ces moments de baisse de rigueur de la loi. Notre vie évolue quotidiennement avec des histoires macabres de couteaux et de poignards plantés dans le corps. Les coups de couteau se multiplient chaque jour qui se lève pour annoncer de nouvelles tueries à la fine lame.

Poignarder une personne de sang-froid est devenu un acte banal dans nos cités. Les couteaux sont tirés et les forcenés jouent avec la lame, comme on joue avec une tablette, pour couper le souffle des honnêtes citoyens au cours de simples altercations. Chaque jour qui se lève, le sang coule et de nouvelles victimes viennent grossir la liste de malheureuses victimes tuées traitreusement. Ces voyous brisent le cœur des familles et allongent la liste des orphelins. Les duels aux couteaux se multiplient et, pour un oui ou un non, on sort le couteau pour le planter dans le ventre de quelqu'un. Le couteau à cran d'arrêt est l'arme blanche privilégiée des lâches. Les coups de couteau ont remplacé les coups de poings dans cette jungle où les plus forts font la loi. Les agresseurs agissent librement comme dans une arène pour agresser ou se faire justice avec une lame. Les lâches cachent perfidement le couteau ouvert sous la chemise pour frapper par surprise leurs victimes.

«Ya katel rouh, win t'rouh ! » (Toi le tueur d'âme, où iras-tu demain ?) disaient les sages jadis. Certes, on était bien avant dans notre peau, on était intransigeants envers les auteurs d'homicides à l'arme blanche et on se sentait bien protégés par les gouvernants. A cette époque on ne badinait pas avec les actes criminels car se faire prendre avec un couteau dans la poche, même sans l'avoir utilisé, on risquait jusqu'à six mois de prison ferme pour le port de cette arme prohibée.

Hier, il y avait la crainte de la loi, et la justice s'abattait avec force sur la tête de l'assassin. Les meurtriers doivent payer d'abord ici devant la justice des hommes avant le châtiment divin, crient les souffre-douleur. Et les coupables de meurtres croient que leurs actes criminels sont des faits anodins qui ne seront pas punis. Peut-être que cela n'arrive qu'aux autres, pensent ceux qui ne se sentent pas concernés par ces délits condamnables par la société. Les gens qui usent de leur couteau pour régler un différend sont des fous furieux qui doivent être neutralisés avec une grande sévérité. Les couteaux ont débordé des étals de cuisines et des boucheries pour terroriser les honnêtes citoyens respectueux de la loi. On s'entretue pour moins que rien quand on n'a pas peur de la loi. S'armer d'une arme blanche, c'est préméditer d'agresser et faire couler le sang. On menace, on balafre et on tue avec le couteau, juste pour subtiliser les biens d'autrui. Les coupe-gorges sont partout. On transperce des pères de famille sur les plages, pourtant déclarée gratuites par l'autorité. On poignarde pour voler des véhicules et on égorge des enfants pris en otage sauvagement. On viole les domiciles et on larde de coups de couteau leurs propriétaires cruellement. Les automobilistes aussi paient les conséquences du laxisme des pouvoirs publics affiché vis-à-vis de ces malfrats qui ne sont pas inquiétés et qui jouent le rôle de gardiens de voitures contre la volonté des automobilistes dans les espaces de stationnements urbains. Les autorités font comme s'il n'y avait pas le feu à la maison et ne réagissent pas comme il le faut pour prendre des mesures, pour stopper ces mafieux qui usent souvent de violence physique pour régler les différends à coups de gourdin et de sabre dans les centres urbains. «Où va le pays avec ces comportements agressifs ?» Les pouvoirs publics et les législateurs doivent se mobiliser contre ces sanguinaires. Les gens sensés s'arment de sagesse, les abrutis s'arment de couteaux pour tuer. Les ratés de la vie préfèrent s'occuper à tuer le temps, à assassiner le bonheur et à étouffer la vie?