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Il était une fois la Coupe du monde - Argentine 1978 : le sacre de Kempès et de l'Albiceleste

par Adjal Lahouari

De toute évidence et à chaque Coupe du monde, d'une manière ou d'une autre, le pays organisateur bénéficie de « coups de main » pour arriver à ses fins. Ce n'était pas trop le cas en Suède, mais bel et bien réel dans les autres tournois, que ce soit en Angleterre ou en Allemagne. L'histoire fourmille de faits insolites qui sont les bienvenus pour les « locaux ». La FIFA n'a pas toujours les mains libres pour faire respecter la neutralité, surtout celle des arbitres, souvent conditionnés par l'environnement et l'ambiance. Ceci dit, si des voix se sont élevées contre la désignation de l'Argentine comme pays hôte de cette édition, les organisateurs ont prouvé qu'ils méritaient cette confiance. Il est vrai qu'ils étaient fort désireux de préparer le terrain à la victoire de leur équipe nationale. Sur le plan sportif, rien à dire sur l'issue finale de cette édition, car elle a mis aux prises les deux meilleures équipes, celles qui ont le mieux respecté l'esprit du jeu, par un football constamment orienté vers l'attaque. A chaque Coupe du monde, des joueurs se distinguent plus que d'autres, surtout du côté des lauréats. En Argentine, le buteur Mario Kempès et le gardien Fillol furent les plus déterminants par leurs prestations, ceci dit sans méconnaître les mérites du capitaine Passarella, du milieu Ardilès et des attaquants Luque, Ortiz et Housseman. L'équipe n'a perdu qu'un seul match face à l'Italie, mais a justifié son sacre par son jeu assorti d'un très bon goal-average. De leur côté, les Pays-Bas ont payé cher l'absence de Cruyff, car si la star de Barcelone avait daigné se déplacer pour encadrer ses coéquipiers, il n'est pas interdit de penser qu'on aurait assisté à une autre tournure du tournoi. En ce qui concerne le Brésil, c'était l'époque des vaches maigres après la période dorée personnifiée par Pelé, Garrincha, Tostao et leurs valeureux coéquipiers.



La Tunisie de Chetali



Le football tunisien doit beaucoup à Abdelmajid Chetali. Déjà, à titre de joueur, il était l'un des cadres au cours de la décennie 60. Diplômé après des stages en Allemagne, il s'est avéré un excellent entraîneur et, beaucoup plus tard, un consultant apprécié sur une chaîne satellitaire.

La présence de cette équipe en Argentine est fort justifiée étant donné que les « Aigles de Carthage » ont effectué un véritable parcours de combattant au cours des trois tours de qualifications, ne concédant que deux défaites, face à des rivaux guère faciles à manier. Qu'on en juge. Ce fut, tour à tour, le Maroc, l'Algérie, puis le Nigéria et l'Egypte. Pratiquant un jeu dynamique, les Tunisiens avaient, on s'en souvient, battu le Mexique et fait très bonne figure face à la RFA, champion du monde en titre, avec un score vierge. L'histoire a retenu que les Tunisiens ont fait grosse impression et failli battre l'ogre allemand si la réussite ne leur avait pas tourné le dos. Qu'importe, le monde venait de découvrir les Tarak Diab, Temime, Akid, Gommidh, Agrebi, Kaâbi, Karaoui et Benaziza. La Tunisie a bien honoré le continent africain, beaucoup mieux en tout cas que le Zaïre en Allemagne.



La fiche



Finale : Argentine 3 Pays-Bas 1 (A.P.)

Attaque : Argentine et Pays-Bas 15 buts

Défense : Brésil 3 buts

Buteur : Kempès (Argentine) 6 buts



Echos



Thierry Roland



Lors des éliminatoires européennes, la France a arraché le nul à Sofia face à la Bulgarie. Selon des sources fiables, les tricolores auraient gagné sans la partialité flagrante de l'arbitre écossais Ian Fonte qui avait accordé un penalty imaginaire à Bonev à deux minutes de la fin du match. Ulcéré, l'envoyé spécial d'antenne 2, Thierry Roland, n'a pu se retenir et a traité l'arbitre de salaud en direct. Pour se dédouaner, il a expliqué que c'était le cri du cœur. Pour l'histoire Bonev a tiré à côté.



Trappe



Pour connaître les quatorze qualifiés pour l'Argentine, et en raison des candidatures des cinq continents, 250 matches se sont joués, générant 709 buts. Ces éliminatoires ont été marquées par quelques surprises, l'Angleterre, la RDA, le Portugal, le Danemark, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, la Suède, la Yougoslavie, la Roumanie, l'URSS, l'Uruguay, la Colombie, le Chili et le Paraguay sont passés à la trappe. Quant à l'Algérie, elle a été barrée par la Tunisie au second tour.



Réfractaires



Outre le refus de Cruyff d'aller en Argentine, plusieurs joueurs de la sélection des Pays-Bas ont coché la case « non » du formulaire transmis par la fédération. Théoriquement, c'était pour des raisons familiales. La vraie raison était ailleurs. Cor Coster, le beau-père de Cruyff, qui dirigeait une agence régissant la publicité dont bénéficiaient les footballeurs, avait ses protégés à qui il a fait signer des contrats d'exclusivité. Ce qui n'a guère plu aux joueurs finalement réfractaires.



Recensement



La preuve que les effectifs des équipes se renouvellent plus vite qu'on ne croit, a été fournie par une étude. En effet, sur les 352 joueurs présents en Allemagne en 1974, il n'en restait que 54 seulement qui ont rallié l'Argentine.



Agression



A la veille du départ, le sélectionneur Michel Hidalgo avait été agressé par des opposants au régime argentin, partisans d'un boycott de la Coupe du monde. Courageusement, le patron de l'équipe française, qui était accompagné de son épouse, a mis en fuite ses agresseurs.



Sort



Les observateurs ont fait une remarque pour le moins pertinente, en ce sens que le mauvais sort semble s'acharner sur les matches inauguraux. Après les éditions 1966, 1970 et 1974, celle de Buenos Aires n'y a pas échappé, les rencontres ayant un trait commun, celles d'être soporifiques. La peur de mal débuter la compétition est certes une cause, mais de la part de telles équipes comme Allemagne et Pologne, c'est déplorable.

      

Rescapés



Du groupe de l'Allemagne qui avait remporté la Coupe du monde 1974, il ne restait que trois rescapés. Berti Vogts, devenu capitaine en l'absence de Beckenbauer, Bonhoff et l'inusable gardien Sepp Maier qui avait 34 ans, mais toujours bon pied, bon œil.



Temporisation



On jouait la dernière minute du match Brésil - Suède. Le joueur brésilien a eu le tort de prendre tout son temps pour botter le corner. Or, dès que le ballon avait quitté l'arc de cercle, l'arbitre gallois Clive Thomas a sifflé la fin de la rencontre. Au point de chute, Zico a marqué de la tête. Mais ce but a été refusé malgré les protestations des Brésiliens. La temporisation n'est pas toujours bonne.



38 secondes



Il n'a fallu que 38 secondes pour enregistrer l'un des plus rapides buts de l'histoire, œuvre de l'actuel conseiller du président de l'O. Lyon Jean Michel Autas, Bernard Lacombe. A la suite d'un centre de Didier Six, il avait pris en défaut la défense italienne, y compris le gardien Dino Zoff. Néanmoins, les Italiens remportèrent cette rencontre (2-1).



Effectif



L'effectif de la Hongrie ne comprenait en Argentine que 19 joueurs au lieu des 22 autorisés par la FIFA. Explication : trois d'entre eux ont été blessés lors du match amical livré à Londres contre l'Angleterre peu avant le départ vers l'Argentine et n'ont pas été remplacés. Si on ajoute les deux expulsés lors du match face à l'Argentine, on comprend l'échec des Hongrois, trois défaites et un retour à la maison.



Maillots



C'est une situation insolite qui est arrivée à l'équipe de France face à la Hongrie. Les deux équipes sont apparues avec des maillots de même couleur blanche. Or, les Français, conformément à une circulaire de la Fifa, devaient se présenter avec une tenue de couleur bleue. Un émissaire envoyé en ville est revenu avec le jeu de tenue du club Kimberly de Mar Del Plata, des maillots à rayures de couleurs verte et blanche. Cet épisode a fait que le match a débuté avec une demi-heure de retard. Les tricolores ont gagné, mais furent éliminés.



Concorde



C'est à bord de l'avion supersonique « Concorde » que la délégation française s'est envolée de Roissy, saluée avant son départ par le président de la République Giscard d'Estaing. A l'escale de Dakar, elle a reçu un accueil enthousiaste. Avec cet appareil de dernière génération, la durée du voyage a été réduite de moitié.