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Où est le respect dû aux morts ?

par Ahmed Farrah

Pour beaucoup, la disparition d'un être cher est un séisme destructeur emportant avec lui une part entière d'eux-mêmes. Ils ne s'en relèvent pas. Ou plutôt difficilement et très longtemps après le terrible choc. Le vide que laissent les morts parmi nous n'est jamais rempli. Seuls les souvenirs et leurs tombes prolongent les liens affectifs et maintiennent la mémoire et sa transmission d'une génération à l'autre. Et, il serait très pénible de ne pas pouvoir se recueillir sur leurs sépultures un jour sacré comme celui de l'Aïd. La cause incombe à un sérieux manque d'entretien de nos cimetières pour ne pas dire -carrément - leur abandon par les autorités locales qui semblent ne pas avoir d'yeux pour les morts et encore moins le cœur sensible à ces lieux de silence qui devraient imposer le respect et la dignité des défunts. Il est regrettable de voir nos cimetières, chargés d'histoire et d'hommes remarquables, tomber dans l'oubli et le laisser-aller. Un nombre considérable de tombes sont disloquées, d'autres effondrées, plaques cassées en morceaux par des profanateurs, allées enherbées ou disparues sous un foisonnement d'herbes folles et sauvages de plus d'un mètre de haut rendant les tombes impossibles à trouver. Des enfants en fête, joliment habillés pour la circonstance, heureux d'accompagner leurs parents pour perpétuer les usages, se voient déçus de ne pas trouver le lieu où repose l'être cher, la grand-mère, le grand-père... Les visages marqués, laissant apparaître le ressentiment et la colère. La désapprobation est criée à haute voix : où est ce maire censé être le protecteur de ces lieux pleins de douleurs ? L'expression de ces émotions n'est pas un fait de circonstance mais indique le délitement et le recul partout constaté dans la gestion de nos villes. L'insalubrité, la violence, le désert culturel, l'abandon des « espaces verts », le commerce sauvage, le squat de l'espace public, le piteux état des trottoirs, le centre-ville en ruine et à présent ce sont les cimetières qui subissent l'administration approximative de la chose publique et l'impuissance de ceux qui ne sont pas à la hauteur de la responsabilité pour laquelle ils étaient élus.

Secouez-vous messieurs, ne demeurez pas impassibles face à la douleur des vivants en injuriant la mémoire impérissable des défunts par vos attitudes léthargiques et irrespectueuses? car la mort n'oublie personne - elle est juste et aura certainement le dernier mot contre tout le monde.